L’Union Nationale de l’Apiculture Française (UNAF) lance une vaste campagne de mobilisation auprès des collectivités locales pour lutter contre le frelon asiatique. De son nom latin Vespa velutina, cette espèce invasive, plus petite que notre frelon européen, est présente partout sur le territoire.
Une année 2020 peu encourageante
Après une année 2020 de prédation très forte, l’Union Nationale de l’Apiculture Française vient d’éditer un guide pratique qui recense différentes méthodes de lutte contre le frelon asiatique, classé comme espèce exotique envahissante (EEE). « Depuis son apparition dans le début des années 2000, le frelon asiatique a colonisé la quasi-totalité du territoire métropolitain et a été recensé dans 9 autres États européens. C’est une réelle menace pour les abeilles et l’apiculture au point que dans certaines zones, il est devenu impossible d’élever des abeilles » affirme l’UNAF.
Comme pour la lutte contre les plantes invasives, dont il faut prévenir la dissémination sur les chantiers, il faut agir vite et bien, car le frelon asiatique, par sa capacité de développement importante et la faible mortalité des ouvrières, menace notre biodiversité et nos filières apicoles, en se nourrissant, notamment, des abeilles domestiques. Mais comme l’ajoute l’UNAF, « le frelon ne se nourrit pas que d’abeilles : les autres insectes représentent plus de la moitié de son bol alimentaire ». Ainsi, récemment, une équipe universitaire a estimé les impacts du frelon asiatique sur le service écosystémique de pollinisation à plusieurs dizaines de millions d’euros.
Dans une moindre mesure, les dangers pour la santé humaine existent quand les nids s’installent trop près des habitations.
Un guide pratique pour les élus
Par la publication de ce guide pratique, qui propose d’organiser et d’encadrer les pratiques de lutte afin d’en améliorer l’efficacité et limiter les impacts, l’Union Nationale de l’Apiculture Française lance une vaste campagne de mobilisation auprès des collectivités locales. Car, pour le président de l’UNAF, Christian Pons, « face à l’inaction de l’État en matière de lutte contre le frelon asiatique, de nombreux territoires s’engagent déjà contre cette espèce invasive, souvent en partenariat avec les apiculteurs. Nous appelons les élus locaux à suivre cet exemple en se saisissant de ce guide pratique pour sauver les abeilles de leur territoire ».
Ce guide pratique, sur-titré « Comment agir à l’échelle de ma collectivité ? », présente cette espèce exotique envahissante, ses impacts, et compile les méthodes de lutte en donnant de précieux conseils. A l’instar d’un piégeage à réaliser de manière encadrée, de la mise en place d’un plan de piégeage global sur le territoire, de la sensibilisation à la destruction des nids… Vous trouverez également des solutions dans la 20e édition du Guide phytopharmaceutique en JEVI et des 3D des Editions de Bionnay.
Le guide pratique à destination des élus locaux décrit également des expériences positives à l’échelle de différents territoires et fait témoigner des élus qui se sont engagés contre le frelon asiatique, comme la commune de Villeveyrac (34), une commune Apicité de 3 800 habitants, 100 % engagée pour la destruction des nids de frelon asiatique. Ou encore la mairie de Mendionde (64) ou le Département du Morbihan avec son plan départemental de lutte et de piégeage de printemps.
Dans quels cas détruire les nids et à qui s’adresser ?
Comme l’explique Quentin Rome, responsable ‘Frelon asiatique & hyménoptères’ au Museum National d’Histoire Naturelle (MNHN) : « si le nid se trouve dans le domaine public, à proximité d’un équipement ou d’un bâtiment public, et/ou qu’il présente un risque pour des personnes sensibles (enfants, personnes allergiques), la mairie a la responsabilité de sa destruction. Elle peut faire appel aux pompiers ou à un désinsectiseur qualifié (obligation de détenir un Certibiocide) ». Sur le domaine privé, c’est au propriétaire de faire appel à un spécialiste, les frais étant parfois totalement ou en partie assurés, selon les cas, par la mairie, la communauté de communes, les syndicats ou groupements d’apiculteurs (GDSA – Groupement de Défense Sanitaire Apicole) ou encore le département.
L’expert du MNHN ajoute : « nous encourageons l’élaboration d’une charte des bonnes pratiques, destinée aux collectivités et aux applicateurs professionnels, afin d’encadrer ces interventions, éviter les pratiques abusives et limiter les risques pour la sécurité des personnes et l’impact sur l’environnement. Nous préconisons ainsi aux collectivités d’exiger de la part du prestataire une garantie de résultat lors de la destruction d’un nid ». Des réponses donc apportées par ce guide pratique de l'UNAF.