Nombreux sont les palmiers de nos villes et villages à souffrir des attaques répétées du charançon rouge et du papillon palmivore du palmier. Pour lutter contre la dégradation de leur état sanitaire et esthétique, des solutions de biocontrôle et de lutte biologique se développent. Des produits qui gagnent à être mieux connus, notamment pour faire face à l’extension de loi Labbé au 1er juillet 2022, qui limitera l’usage des produits phytopharmaceutiques (à l’exception des produits de biocontrôle, à faible risque ou UAB, sauf en cas de présence d’un danger sanitaire grave) à davantage d’espaces constituant des zones d’habitation et autres lieux de vie.
Combiner les moyens de lutte
Les palmiers sont les cibles de plusieurs ravageurs, dont le charançon rouge du palmier (Rhynchophorus ferrugineus), organisme de lutte obligatoire depuis 2010 en France, qui a déjà décimé une dizaine de milliers de Phoenix canariensis et Phoenix dactylifera. Si aucune stratégie de lutte n’est mise en place, la chute des palmes et la dégradation du bourgeon terminal se poursuivent avec la mort du palmier.
Ainsi, en complément de l’application de produits de biocontrôle, appartenant à l’une des 4 familles (macro ou micro-organismes, médiateurs chimiques ou substances naturelles), le monitoring, c’est-à-dire le suivi de la présence des populations, est primordial.
Nématodes entomopathogènes
L’utilisation de nématodes entomopathogènes du genre Steinernema spp. est efficace contre le charançon rouge du palmier et le papillon palmivore du palmier (Paysandisia archon). Sous forme de poudre ou de gel, les nématodes (vers microscopiques) sont à appliquer par pulvérisation de mars à octobre au cœur des stipes du palmier, toutes les 3 à 4 semaines. Les nématodes vont parasiter l’agresseur en se multipliant et en émettant des toxines dans l’organisme de l’individu.
Parmi l’offre disponible, on retrouve Némacontrol NCP de Nufarm SAS, sous forme de gel pour une meilleure durée de conservation (16 semaines), contenant l’espèce Steinernema carpocapsae.
Du côté de la solution Palma-Life de Biobest, les nématodes sont supportés par un gel facile à dissoudre, puis à pulvériser.
Enfin, la biosolution Palmanem® de Koppert est efficace sur stade larvaire et adulte.
Phéromones d’agrégation
Koppert propose l’utilisation de phéromones d’agrégation Pherodis® à intégrer dans le piège Palmatrap®, afin de piéger les adultes mâles et femelles pour limiter leur reproduction. Comme l’explique Adeline Infray, responsable Marketing et communication de Koppert, « le piège se pose au sol en mars. Il faut ensuite renouveller l’apport de phéromones tous les 3 mois, soit en juin puis septembre ».
De la même façon, Syngenta propose un piège semi-enterré Pitfall contenant Ryncho Pro Classic®, une phéromone d’agrégation couplée à des kairomones (substances émises par le palmier, agissant en synergie avec la phéromone) à apporter trois fois dans l’année.
Endothérapie
La technologie innovante d’endothérapie TreeCare Injection de Syngenta consiste à injecter à très basse pression dans le stipe même du palmier un produit à base d’émamectine benzoate, dérivée d’une substance d’origine naturelle obtenue par la fermentation de la bactérie Streptomyces avermitilis. « Injecté par des applicateurs formés TreeCare, le produit est confiné dans l’arbre, ce qui minimise les risques d’exposition pour le public et l’environnement. Avec une seule application par an, de préférence au printemps (flux de sève importants), cette technique permet de protéger le palmier durant toute une année » complète Noémie Rezkallah, responsable Marketing de Syngenta.
Bactéries fermentées
Contre le papillon palmivore, Nufarm SAS propose le Conserve (UAB) à base de bactéries. « Le Conserve contient le Spinosad, une matière active produite à partir de bactéries fermentées (Saccharopolyspora spinosa), efficace contre le papillon palmivore du palmier, mais aussi contre la processionnaire du pin et du chêne et la pyrale du buis » détaille Christophe Aubert, responsable Marketing Clients Espaces verts pour Nufarm.
Les solutions alternatives se développent donc, ciblant plus spécifiquement chaque espèce, pour une lutte raisonnée, efficace et plus respectueuse de l’environnement. Car il en va de la sauvegarde des paysages patrimoniaux, notamment le long de la Méditerranée.