En France, la haie est une infrastructure agroécologique présente historiquement à l’échelle nationale. En 2020, selon l’enquête TERUTI-LUCAS, les haies et les bosquets (hors-forêt) représentent 1 567 000 hectares. Si leur surface ne représente que 2,4 % de la surface agricole française, les haies possèdent une influence agronomique et écosystémique d'importance sur les parcelles qu’elles bordent et plus largement sur le territoire auquel elles appartiennent. En ville, où les services espaces verts se questionnent régulièrement sur comment aménager la nature, les haies artificielles et naturelles ont également un rôle à jouer.
Un rôle clé
Dans le rapport d’activité du Fonds de l’Arbre, un fond de dotation qui agit sur tout le territoire français pour démultiplier les projets locaux en faveur de l’arbre et préserver durablement les haies, on peut lire que les haies jouent un rôle clé dans nos territoires. « L’architecture végétale de la haie (talus, étages buissonnant, arbustif et arborescent, canopée, écorce, cavité…) offre de nombreux micro-habitats riches et complexes. Ils sont capables de répondre aux exigences de vie d’un grand nombre d’êtres vivants. On peut y trouver jusqu’à 80 types d’oiseaux, 35 espèces de mammifères, 100 espèces d’insectes, 600 espèces végétales, 60 espèces d’araignées, 14 espèces de reptiles et batraciens. Le premier étage de végétation, du sol jusqu’à environ un mètre, est une zone primordiale pour la biodiversité. Plus de 80 % de la biodiversité d’une haie se trouve ici ». Les haies freinent aussi le ruissellement et le phénomène d’érosion des sols. « Elles modifient la distribution de la matière organique dans le sol et sa dynamique à l’échelle du versant. La fertilité des sols est ainsi préservée et l’on observe même un épaississement des sols en amont des haies sur talus placées perpendiculairement à la pente. Elles maintiennent le potentiel agronomique de la parcelle car une perte de 5 cm de sol entraîne une baisse de rendement de 15 % (et qui atteint 75 % pour 30 cm de sol perdu) ». Aujourd'hui, des indicateurs de santé des sols existent.
Seulement voilà...
« Chaque année, nous en perdons 11 500 km, alors qu’elles sont essentielles pour la biodiversité, le climat, l’eau et le sol » alerte Sylvie Monier, présidente du Fonds pour l’Arbre. C’est bien simple, en 50 ans, 70 % des haies en France ont disparu. Bien que les initiatives de plantation se multiplient, permettant la création de 3 500 km de haies par an, leur effet bénéfique est limité par le phénomène d’érosion du bocage qui continue de sévir parallèlement dans nos campagnes.