Au sol, un espace vert dit ‘actif’ sur le plan climatique, c’est-à-dire doté de capacités rafraîchissantes par évapotranspiration végétale, voit ses capacités augmenter s’il est arrosé. Ce n’est pas différent pour les toitures végétalisées qui, d’ailleurs, doivent obligatoirement être équipées d’un point d’eau. Les règles professionnelles le précisent : « tout point de la terrasse devra être situé à moins de 30 m de ce point d’eau ». Toute la question est : comment arroser une toiture végétalisée ?
QUALITE DU SUBTRAT
Si le but recherché en présence d’une toiture végétalisée en centre-ville est effectivement d’abaisser les températures urbaines par l’intermédiaire du végétal, ce que permet davantage les toitures intensives, alors les agents en charge de l’irrigation doivent d’abord se concentrer sur la qualité du substrat en place et les différents horizons de toiture. Combien d’eau peuvent-ils retenir ? Car on n’arrose pas une toiture, on maximise la rétention de l’eau. Néanmoins, si l’arrosage est déclenché, après 3 semaines de sécheresse (comme indiqué dans les règles professionnelles) ou d’alternances répétées de périodes sèches et humides, le bon sens agronomique prime. Au sol, 80 % des programmateurs à piles déclenchent l’arrosage en moyenne trois fois par semaine, tel jour, à telle heure, ce qui génère inévitablement des pertes d’eau inutiles et ne satisfait pas toujours les besoins réels des végétaux.
MAITRISER LES APPORTS
Des équipements permettent toutefois d’affiner les quantités d’eau apportées, y compris sur les toits : des pluviomètres (ils génèrent d'importantes économies d'eau), des stations météo, des sondes tensiométriques (les besoins réels en eau sont connus grâce à la tensiométrie)... Exemple : si la station météo indique une ETP (évapotranspiration potentielle) à 6 mm, l’arrosage comblera ces pertes d’eau dans une juste proportion, hormis si les précipitations antérieures, estimées par le pluviomètre, sont suffisantes. Après, peu importe le(s) système(s) choisi(s), l’important est de gérer finement la ressource. Tous les systèmes d’assistance à l’arrosage et de rétention sont les bienvenus.
QUELS EQUIPEMENTS ?
Comme évoqué précédemment, la présence d’un point d’eau, situé dans un rayon de moins de 30 m en tout point de la toiture, est obligatoire. Son débit et sa pression dynamique dépendent de la surface à arroser. Plusieurs systèmes d’arrosage sont utilisés :
- les asperseurs : ils sont indispensables pour assurer la reprise des toitures végétalisées ‘semées’, à l’exemple des surfaces engazonnées, qui exigent d’ailleurs d’être tondues toutes les trois semaines. Question installation, le procédé est le même que sur un espace vert traditionnel : les distances entre arroseurs correspondent à leur portée, indépendamment des végétaux présents. Toujours et en tout point, le coefficient d’uniformité doit être supérieur à 80 %. En optant pour des tuyères, celles-ci doivent émerger de 7 cm depuis la surface du sol, soit 3 cm de moins que sur un espace vert. Et il est préférable d’utiliser des jets fixes, dont la portée n’excède pas les 4 m, en respectant la triangulation usuelle. Cependant, l’aspersion est certes une solution économique mais l’exposition au vent notamment, disperse les gouttelettes d’eau, et les niveaux d’uniformité obtenus ne sont pas les meilleurs (sans compter le risque d’arroser les vitres du bâtiment sous-jacent) ;
- la sub-irrigation (goutte-à-goutte) : enterrées (ou déposées en surface), les lignes de goutteurs, générant un débit de 1,6 L/h, sont espacées en moyenne tous les 30 à 50 cm. Plus la texture est poreuse et la végétation dense, plus les lignes sont resserrées. Les systèmes en goutte-à-goutte, dont les tuyaux sont enterrés, intègrent des goutteurs anti-siphon, afin d’éviter l’intrusion de particules de sol à l’arrêt de l’arrosage ou lors de pluies importantes. Mais en matière de sub-irrigation, des fabricants se démarquent en proposant des solutions novatrices. Exemple : les nattes d’arrosage. Ce sont des complexes de goutteurs autorégulés et de toiles non tissées qui, placées entre la couche de drainage et le substrat, permet de limiter les quantités d’eau apportées tout en répondant aux besoins de la plante, y compris sur des zones pentues et accidentées. Une fois les lignes connectées au réseau de distribution, avec un débit suffisant et une pression adéquate, des électrovannes bien installées et des programmateurs posés dans les règles peuvent automatiser le système et générer un débit plus faible en fonction du positionnement des lignes de goutteurs dans la pente.
Bien arrosées et riches de biodiversité, les toitures végétalisées climatisent la ville de quelques degrés. Quatre au maximum d’après les experts. Ce qui est suffisant pour rendre l’espace public supportable et vivable au cœur de l’été. Indirectement, l'eau d'arrosage participe au rafraîchissement urbain.