La soutenance de la thèse, sous la direction de Daniel Cluzeau (maître de conférences, Université de Rennes 1) et Xavier Marié (ingénieur paysagiste, gérant de Sol Paysage), aura lieu le mercredi 09 mars 2022 à partir de 14h30 à la Station Biologique de Paimpont (35), devant le jury composé de :
- Ciro Gardi, Scientific Officer, European Food Safety Authority, rapporteur ;
- Jérôme Mathieu, maître de conférences, iEES Paris, Université Pierre et Marie Curie, rapporteur ;
- Patrice Cannavo, professeur en sciences du sol, Agrocampus Ouest Angers, examinateur ;
- Catherine Keller, professeur en sciences du sol, Aix-Marseille Université, CEREGE, examinateur ;
- Nolwenn Bougon, chargée de mission recherche Etat des sols et des milieux aquatiques, OFB, invitée ;
- Cécile Grand, chef de projets Sites et Sols Pollués, ADEME Angers, invitée.
La présentation de la thèse sera accessible à tous ici.
RESUME
Les sols et la biodiversité qu’ils abritent fournissent de nombreux services écosystémiques participant à l’amélioration du cadre de vie en milieu urbain. Cependant, l’artificialisation croissante constitue un facteur majeur de dégradation des sols et d’érosion de la biodiversité. L’ingénierie pédologique apporte des réponses techniques pour la reconstitution de sols fertiles supports de végétation. Peu d’études ont permis à l’heure actuelle de caractériser l’efficience à court et long terme de ces processus d’ingénierie sur les composantes physiques, chimiques et biologiques de la fertilité de ces sols en conditions réelles de projets d’aménagement. De plus, ces processus n’incluent aucune prise en compte de la biodiversité des sols, et en particulier des vers de terre, acteurs clés de l’écosystème sol. Ces derniers sont susceptibles d’être fortement impactés par les perturbations engendrées lors des étapes de reconstitution de sol mais également par la rupture des continuités ou trames écologiques inhérente au milieu urbain, isolant les sols et les populations lombriciennes par des barrières anthropiques telles que des routes ou des trottoirs.
Les deux principaux objectifs de la thèse étaient de caractériser, sur des sites du Plateau de Saclay, les impacts de l'âge et de l’anthropisation sur les propriétés physiques, chimiques et biologiques de sols issus de l’ingénierie pédologique, en appréhendant également les impacts de leur isolement, partiel ou total, sur les communautés lombriciennes. Les impacts de l’âge ont été étudiés sur des Anthroposols reconstitués de 4 et 20 ans issus d’une ingénierie ‘élaborée’ impliquant un décapage profond et un amendement organique ; les impacts de l’anthropisation ont été étudiés sur ces mêmes Anthroposols comparativement à des sols plus faiblement anthropisés issus d’une ingénierie ‘basique’ impliquant un décapage peu profond et aucun amendement organique.
Les résultats montraient dans les Anthroposols un effet très positif de l’amendement organique sur la fertilité, stimulant particulièrement l’activité lombricienne dans les horizons de surface des sols de 4 ans. Vingt ans après leur mise en place, la fertilité des Anthroposols était supérieure à celle de Luvisols anthropisés non amendés, notamment en termes d’activité lombricienne et racinaire. L’isolement n’avait aucun impact sur les communautés lombriciennes des Anthroposols de 4 ans et les Luvisols anthropisés tandis que l’isolement total engendrait une faible abondance et la perte de deux catégories écologiques dans les Anthroposols de 20 ans. Cette thèse permet de discuter des processus d’ingénierie pédologique sur les fonctions de fertilité et de réservoir de biodiversité lombricienne ainsi que sur l’intégration des sols au sein d’une Trame Brune urbaine permettant les déplacements des lombriciens au sein de la matrice urbaine.
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