L’objectif : échanger, partager et débattre sur la ville de demain. Comment la construire, la fabriquer et la végétaliser malgré une densification inévitable ?
De la ville verte à la ville nature
Les villes sont de plus en plus denses et les enjeux de la ZAN (zéro artificialisation nette) vont ramener les citoyens en ville car il faut construire la ville sur la ville. Et comme l’a rappelé Laurent Bizot président de l’UNEP, « selon une enquête Ifop-Unep de janvier 2022, 2/3 des Français s'inquiètent que la densification des villes freine le développement des espaces verts. La nature doit donc reconquérir la ville ». A cet effet, l’UNEP fait trois propositions :
- lancer un grand plan national sur la nature en ville pour permettre de réduire les carences d’accès aux espaces verts en ville et accélérer la renaturation des sols ;
- prendre en compte la biodiversité dans les projets de construction et de rénovation ;
- renforcer l’attractivité des métiers du paysage. En effet, 10 000 postes pourraient être créés (soit 10 % du nombre d’emplois de la profession) à terme pour répondre à ces enjeux.
« Pour répondre à la problématique d’aujourd’hui, à savoir la cohabitation entre l’Homme, la faune et la plante en ville, l’intérêt commun doit prévaloir car les intérêts de chacun sont différents », a souligné Christophe Gonthier président de l’UNEP Auvergne-Rhône-Alpes
L’action Cœur de ville prépare sa prolongation 2023-2026 sur l’adaptation des villes et la sobriété foncière. Ainsi comme l’explique Jean-Marc Bouillon président d’honneur de la FFP, « un club de la sobriété foncière a ainsi vu le jour avec 6 villes qui travaillent ensemble sur le sujet. Pour réussir la densification qui s’annonce, il faut jouer sur plusieurs leviers :
- le premier est de végétaliser ! puis transformer, intensifier et construire. »
Autre enjeu, la (ré)infiltration des eaux de pluie qui est nécessaire et possible. Selon une étude récente, 70 % du tissu urbain peut supporter l’infiltration des eaux de pluie. Il faut absolument veiller à ce que les nouvelles constructions laissent l’eau s’infiltrer. Quant aux végétaux, ils doivent être multi serviciels et écosystémiques et pas seulement ornementaux.
Mais alors comment faire dans l’acte de construire ? s’interroge Jöel Baud-Grasset président de la Fédération Nationale des CAUE quand un architecte va tout faire pour se protéger de l’eau alors que le paysagiste veut de l’eau… La solution, la concertation et la collaboration pour que tous les services, publics et privés, travaillent ensemble.
Dualité entre densification et végétalisation
Densifier ne veut pas dire créer une ville invivable, il faut trouver un équilibre entre logements et espaces extérieurs et végétaliser les espaces ouverts, les espaces libres.
Pour cela, il existe des outils réglementaires :
- les zones de renaturation,
- les trames vertes et bleues,
- le coefficient de biotope,
- le ZAN (effectif en 2031),
- le SRADDET,
- le coefficient de pleine terre,
- la séquence ERC.
Ainsi par exemple, à Lyon, il est possible de doubler la végétalisation sans toucher à la densité simplement en plantant les espaces ouverts.
La problématique des réseaux existants a également été soulevée, mais très vite écartée par Jean-Marc Bouillon qui propose de s’appuyer sur la jurisprudence de l’arrêt Bobigny du Conseil d’Etat du 26 février 2000 et pourquoi pas de l'appliquer pour les plantations : « le bénéficiaire d’une autorisation temporaire d’occupation du domaine public doit supporter sans indemnité les frais de déplacement ou de modification des installations aménagées en vertu de cette autorisation lorsque ce déplacement (des réseaux) est la conséquence des travaux entrepris dans l'intérêt du domaine occupé et que ces travaux constituent une opération d'aménagement conforme à la destination de ce domaine ». Affaire à suivre...
Étant précisé qu’il n’est pas dramatique de planter sur des réseaux si on adapte les plantations avec des arbustes par exemple.
Tout en sachant qu’un arbre a besoin d’un sous-sol, d’un sol, d’eau et de lumière. « Même s’il est possible de concilier arbres et réseaux, la végétation peut devenir soumise à l’arrosage car les réseaux artificialisent les sols… » selon Pascal Bricier président de la FNPHP Auvergne-Rhône-Alpes.
Le jardin contre nature ?
Exceptionnellement, avant d’aborder les problématiques soulevées, voici la solution qui a fait consensus : la mise en place d’une gestion différenciée selon les espaces.
Les aménageurs, les entreprises de paysage ou encore les paysagistes concepteurs doivent livrer du beau… Ils doivent également prendre en compte la biodiversité. Ainsi pour lier ces deux aspects, la gestion différenciées selon les espaces est apparue comme LA solution.
Qu’en est-il du végétal local ?
- Avec l’augmentation des températures : la meilleure solution est de jouer sur les zones de prélèvement pour avoir, pour une même espèce des caractéristiques de résistance différentes.
- Mais avec la raréfaction du tissu économique de production : les pépiniéristes ne sont plus que 3 000 sur l’ensemble du territoire pour 30 000 entreprises de paysage. Les plantes locales viennent donc d’un peu plus loin et les producteurs ne peuvent pas produire suffisamment pour satisfaire toute la demande.
Le temps technique…
« Avec le zéro phyto, la désimperméabilisation des sols, les entreprises doivent trouver des solutions techniques efficaces et pérennes. Ça prend du temps et il faut former les équipes à ces nouvelles solutions » insiste Pierre Ballèvre, Entrepreneur du paysage et Co-président UNEP 38.
Ainsi, pour la désimperméabilisation des sols, il est possible de créer des noues, mais il y a encore du chemin à faire. La création de noues agrémentées d’arbustes permettra de désimperméabiliser les sols tout en améliorant la biodiversité. En effet, les arbustes ont presque disparu de nos paysages alors qu’ils sont primordiaux pour la biodiversité !
Cette journée passionnante pour échanger autour des enjeux de la ville de demain sera, à n’en pas douter, la première d’une longue série puisque ces rencontres devraient devenir un évènement annuel !