Avec l’augmentation des surfaces végétalisées en ville, la multiplication des sites de compostage collectif qui poussent ici et là dans nos cités, le réchauffement climatique, les inondations de plus en plus fréquentes, mais aussi avec des politiques d’hygiène et de propreté souvent insuffisantes, les rongeurs, et notamment les rats, vecteurs de maladies, pullulent en milieu urbain. C’est le cas de Paris qui a estimé à 5 millions le nombre de rats, soit 2,5 par habitant… ce qui lui a coûté 1,5 million d’euros en 2017 pour son plan « dératisation ». A ce prix là, mieux vaut prévenir que guérir et mettre en œuvre des moyens efficaces et complémentaires !
Une lutte obligatoire encadrée
De nombreux rongeurs font partie de la liste d’organismes nuisibles faisant l’objet d’une lutte obligatoire, souvent renforcée localement par des arrêtés préfectoraux. Ils sont à signaler au SRAL de votre région. Ainsi, la lutte contre les rongeurs, dont le rat brun, le rat noir et la souris domestique, peut aujourd’hui se faire selon différents moyens :
- les produits à base d’alpha-chloralose (rodenticides qui fonctionnent pour les souris) ;
- les
pièges mécaniques (tapettes), électriques et multiprises ;
- les mousses d’étanchéité pour combler les trous d’entrée des rongeurs ;
- les films protecteurs des gaines électriques ;
- les générateurs d’ultrasons.
L’important est de combiner les méthodes de lutte, celles-ci s’accompagnant d’un ensemble de bonnes pratiques, comme le port des gants et l’utilisation en
poste d’appâtage sécurisé avec le choix réfléchi d’emplacement de ces boîtes. Aussi, afin de favoriser au maximum la consommation des appâts, il est impératif de supprimer, autant que possible, les sources de nourriture annexes dans l’environnement (grain, nourriture souillée…). Il est également déconseillé de laver le sol, pour ne pas perturber l’odorat du rongeur. A noter qu’il n’existe, pour l’instant, aucun produit biocide « de biocontrôle », cette notion étant actuellement liée aux produits de protection des plantes.
S’y retrouver dans les produits anticoagulants
- la substance active : les anticoagulants peuvent être composés à base de chlorophacinone, coumatétralyl, difénacoum, bromadiolone, brodifacoum, diféthialone et flocoumafen, qui sont les 7 substances actives autorisées. Certains produits combinent deux substances en simultané ;
- la concentration en substance active : la réglementation s’est récemment durcie pour les produits à destination du grand public avec une baisse de la concentration en substance active (0,003 %, soit 30 ppm). Pour les produits à usage professionnel, entre autre à destination des collectivités, les teneurs maximales sont restées identiques ; mais aujourd’hui de nombreux produits sont proposés à une concentration de 50 ppm, soit 0,005 %;
- l’appétence : le pouvoir de l’appât à inciter le rongeur à consommer facilement le produit, pour une efficacité de celui-ci ;
-les supports : ils sont nombreux pour répondre aux différentes conditions d’utilisation et contextes. Tout d’abord, l’appât classique que sont les grains (mélange de céréales, blé, avoine parfois décortiquée…) qui est la solution la moins coûteuse. Dès qu’une concurrence alimentaire est présente à proximité (stock de nourritures, poubelles, silos à grain…), les pâtes sont recommandées car d’une grande appétence. Enfin, lorsque une forte humidité est présente, comme dans les égouts, les blocs sont adaptés.
Anticoagulants et placébo
Certains produits professionnels permettent de contrôler efficacement les rongeurs avec une très faible quantité d’appât, ce qui minimise le risque pour les organismes non ciblés et pour l’environnement, à l’image de plusieurs raticides à base de brodifacoum, matière active de dernière génération et efficace dès la première bouchée, proposés par exemple par la société
Syngenta. Les anticoagulants sont disponibles sous forme de
grains, de
blocs paraffinés, de
pâtes molles à la composition appétante ou encore de pâte enrichie en grains entiers, efficace lorsque la concurrence alimentaire est grande. Des produits placébo existent également pour une gestion raisonnée des appâts empoisonnés : ils permettent de réaliser du monitoring sur un site donné. Dès que la présence des rongeurs est avérée, il convient de remplacer le placébo par le produit actif. Après éradication, on revient au placébo.
Boîtes d’appâtage et pièges
Il est donc obligatoire, pour des usages en intérieur et en extérieur, de placer les produits anticoagulants (type grain, pâte ou bloc) au sein de
boîtes d’appâtage, afin que ceux-ci ne soit pas accessibles aux enfants et aux animaux non-cibles. Il existe désormais des
boîtes sécurisées avec clé pour minimiser les risques. En tunnel, de taille réduite ou plus importante, le choix est large pour répondre aux différentes physionomies des lieux de piégeage et aux types de rongeurs qui envahissent vos hangars, locaux de services techniques... Ainsi, la société
Edialux propose un appareil utilisé dans les parcs et jardins de Paris depuis 2 ans ou encore au Parc de la Tête d’Or à Lyon pour piéger les rats. Un grand compartiment rempli d’un mélange d’alcool, de paraffine et de substances alimentaires attirent les rats. Haut de 1 m, les rats grimpent sur le dispositif et se noient ensuite, tout en ivresse. Le contenant peut accueillir jusqu’à 50 rats ou 200 souris (un compteur de captures extérieur et un GPS permettent de faciliter les inspections et le suivi du dispositif).
Les répulsifs à ultrasons
La technologie ‘ultrason’ n’est pas nouvelle, mais elle s’inscrit bien dans les préoccupations actuelles de méthodes alternatives aux produits de synthèse. Ainsi, des ampoules led (culot E27 classique) 2 en 1 émettent des ultrasons. Lorsqu’on allume une première fois, la lumière se met en marche, ainsi que les ultrasons. Lorsqu’on éteint puis on rallume une seconde fois, seuls les ultrasons sont mis en route, ainsi qu’un indicateur coloré, preuve que les ultrasons fonctionnent car totalement inaudibles pour les humains.
Pour conclure, comme pour les autres nuisibles, la lutte doit être collective pour être efficace, les rongeurs ne se préoccupant pas vraiment de savoir si le lieu qu’ils prospectent appartient au domaine privé ou public ! A noter que pour manipuler des produits biocides dans le cadre d’un usage professionnel, il faut impérativement un Certibiocide.