Techniquement, les rouleaux des broyeurs assurent l’avancement et la régulation des flux de matière en direction des éléments de déchiquetage, à savoir des couteaux, des contre-couteaux et contre-lames, mais aussi des fléaux mobiles ou des marteaux fixés autour d’un rotor central. La valorisation des copeaux ainsi obtenus (en paillage, compost, BRF...) dépend des matériaux insérés dans la trémie d’alimentation (bois secs ou verts) et, plus généralement, du broyeur en question. « Le principe de broyage des ‘gros calibres’ est identique à tous les modèles. La différence repose sur le calibrage du rotor et des éléments de coupe, du diamètre d’ouverture, de la puissance du moteur... » rappelle Gérard Crosnier, directeur général de MGE Green Service et distributeur exclusif des broyeurs Timberwolf en France. 

 

Gros ou petits calibres, les broyeurs à couteaux produisent des copeaux plus ou moins réguliers et fins, donc facilement valorisés en paillage, en compost mais aussi en plaquettes de chauffage. Question de finesse et de précision dans la régularité des coupes. En revanche, les machines équipées de fléaux génèrent des copeaux plus grossiers en apparence, plus longs et surtout défibrés. Ils broient toutes sortes de végétaux et tolèrent la présence occasionnelle de corps étrangers. Les broyats obtenus peuvent facilement être compostés après fermentation et aération du broyat. A noter qu’il est possible, sur certaines machines, de remplacer les fléaux par des couteaux, et inversement. Les deux peuvent également être combinés. « Ces rotors appelés mixtes génèrent des broyats valorisés le plus souvent en paillage » précise Solenne Bisiaux, chef de marque chez Saelen. Après, peu importe l’utilisation de couteaux et/ou de fléaux dans la production de plaquettes, « il faut limiter au maximum le taux de fines et éviter les ‘queues de déchiquetage’ (fractions grossières) qui peuvent bloquer les systèmes d’amenée des chaudières » souligne Matthieu Brusseau, ingénieur commercial chez le constructeur Eschlböck. D’où l’intérêt d’utiliser des jeux de grilles pour calibrer les copeaux.

Les broyeurs ‘gros calibres’ sont capables de broyer des branches de 16 à 40 cm de diamètre, voire au-delà. Les modèles sont nombreux : BV N56 de Bugnot, ST6P de Först, TW 280 TFTR de Timberwolf, TP275 de FSI Franskan... Des entreprises, reconnues dans le secteur du paysage, n’ont d’ailleurs recours qu’à des broyeurs ‘XXL’. Exemple à Saint-Jouan-de-L’Isle (22). Là, l’entreprise Lechevestrier Environnement réalise depuis 23 ans d’importants travaux en conditions difficiles : opérations sur nacelles, élagage et abattage d’arbres situés le long des routes, éparage de kilomètres de haies en milieu rural... La production de plaquettes, destinées à alimenter des chaudières industrielles, représente pour l’entreprise une activité en pleine expansion. Sur les six salariés que compte l’entreprise, deux sont affectés à temps plein pour le broyage en vue d’obtenir des plaquettes. « Nous travaillons en sous-traitance pour des entreprises qui répondent à des appels d’offres » indique Karen Lechevestrier, gérante de l’entreprise.

 

Depuis trois ans, l’entreprise s’est octroyée les services d’un deuxième broyeur capable de déchiqueter des branches et des billots d’un diamètre important. Acquis pour plus de 550 000 € TTC (incluant un tracteur de 400 cv, une grue de manutention et une fendeuse), le broyeur en question (modèle Biber 92 de Eschlböck) déchiquette facilement des sections moyennes de 60 à 70 cm de diamètre. « Nous étions équipés d’un Biber78, mais les plaquettes obtenues, pourtant bien calibrées et garanties sans fines, n’étaient pas assez importantes, en taille, pour notre activité. Nous avons donc décidé d’acquérir un broyeur supplémentaire permettant d’obtenir des copeaux ‘carrés’ de 8-10 cm de côté, parfaitement adaptés aux chaudières » explique Karen Lechevestrier. Mobilisé à 90 % du temps sur le terrain, le broyeur avale tout ce qui se présente : troncs, branchages, bois sec ou humide... « En présence de chêne, de frêne..., bref tous les bois durs, on alimente la trémie avec des sections de 55 cm maximum, afin d’améliorer la qualité des plaquettes. A ce sujet, le fendeur, disponible en option sur la machine, est très pratique car il coupe les bois de travers, dans toute leur longueur, et réduit ainsi leur diamètre avant de les acheminer sur les rouleaux » explique-t-elle. En moyenne, 120 stères sont broyées en 45 minutes. Soit 90 m3 de copeaux.

 

Cet exemple, parmi d'autres, prouve combien la production de plaquettes est demandée. D'autant plus à l'heure actuelle, marquée par des tensions fortes sur le marché de l'énergie. Les plaquettes constituent donc une ressource à exploiter. Le boom actuel des chaudières pourrait renforcée la filière, ainsi que l'utilisation de broyeurs dédiés dans les entreprises de paysage et les services espaces verts des collectivités.