Face à l’évolution des prix de l’énergie, tous les acteurs doivent faire preuve d’un grand discernement. En grande majorité, les piscines et les patinoires vont connaître en 2023 une année horrible. Le quintuplement (à minima) du prix du gaz et de l’électricité va entrainer inévitablement des choix drastiques.
Nous constations usuellement des déficits moyens sur des piscines de l’ordre de 500 K€ par an (équipement type de 2 bassins, avec une fréquentation de 100 000 personnes et un prix moyen de 5 € tous services confondus). Sur les nouveaux appels d’offre, nous allons dépasser le million d’euros.
Bien entendu, il existe des amortisseurs dans certains cas comme les réseaux de chaleur.
Plusieurs questions à se poser
Face à cela, les questions qu’il faut se poser sont multiples et elles concernent les piscines en délégation comme en régie :
-Comment consommer moins à source de production identique ? Si nous économisons 10% par des actions de sobriété, cela sera un tour de force !
-Quels services offrir : moins ouvrir, mieux ouvrir ?
-Quels investissements faut-il réaliser pour moins consommer ?
-Quelles solutions de production d’énergie alternative choisir ?
-Si on ferme l’équipement pendant quelques mois, quel en sera l’impact ? A quelles modalités de chômage partiel aurons-nous droit ? et avec quelles conditions financières ?
-Quelles aides l’état peut-il apporter aux collectivités pour réduire ces surcoûts abyssaux ?
Le système d’aide mis en place pour les entreprises début d’année et revu le 1er octobre 2022 est inopérant pour notre secteur. Comment peut-on traiter de la même façon les entreprises où le coût de l’énergie représente quelques points de chiffre d’affaires et celles où l’énergie pèse 15, 20 voire 25% (avant crise) ?
Enfin, la question essentielle qui subsistera après toutes celles énumérées ci-dessus, c’est la répartition entre impôt et usager. Le prix d’entrée de piscine est souvent bas, en particulier lorsqu’il y a des tarifs résidents… Il faut changer le curseur… c’est inéluctable. L’énergie ne retrouvera sans doute jamais les niveaux de prix de 2020.
Vers un plafonnement du prix du gaz et de l’électricité ?
Être sobre (-10%), fermer certains bassins, revoir les sujétions de service public, investir dans des solutions pertinentes et augmenter les tarifs sont des options mais tout ceci ne sera pas suffisant.
C’est pourquoi, si l’on veut maintenir en fonctionnement les piscines, réaliser le savoir-nager, permettre le sport-santé dans l’eau, la mesure indispensable est le plafonnement du prix du gaz et de l’électricité à une valeur entre 150 et 200 euros (tout inclus). Est-ce possible ? L’Europe vient de le permettre : les ministres de l’UE ont convenu que les états membres pouvaient exceptionnellement et temporairement fixer un prix de fourniture d’électricité inférieur au coût.
Une solution simple qui permettrait de maintenir le service public avec … sobriété.
Gilles Sergent, président de Récréa