Actuellement, les moustiques tigres sont déjà bel et bien présents dans 53 départements. Au total, ce sont 96 départements français qui sont placés à différents niveaux de vigilance (51 en vigilance rouge, 15 en vigilance orange, 30 en vigilance jaune) face aux risques de maladies liées aux moustiques. Après un hiver relativement doux et une chaleur précoce, la saison des moustiques a débuté dès février, bien avant la date officielle du 1er mai, ce qui présage une année encore pire que l’année passée du point de vue du développement des populations de moustiques tigres.
En France métropolitaine, deux genres sont présents et peuvent être dangereux, car vecteurs de maladies : Aedes, qui regroupe les ‘moustiques tigres’ (Aedes albopictus) connus pour transmettre le Chikungunya, la Dengue et le virus Zika, et le genre Culex (virus du Nil occidental). Pour limiter le risque d’épidémies et comme pour tous les nuisibles, il est alors recommandé, voire nécessaire, de combiner différents moyens de lutte. Lutte qui peut être mécanique ou réalisée à partir de biocides « biologiques » sélectifs, avec l’apparition de moyens de lutte raisonnée plus écoresponsables. Il s’agit également de lutter de façon préventive et curative durant tout le stade de développement de l’insecte, en empêchant notamment la ponte des œufs et le développement des larves dans les zones de risque de stagnation d’eau, en éliminant les adultes, en piégeant les moustiques femelles ou encore en les repoussant. Petit tour d’horizon de ces différentes solutions.
Lutte mécanique et barrières physiques
De nombreux moyens mécaniques existent et se développent pour éviter la prolifération des larves, mais également pour repousser ou éliminer les moustiques au stade adulte. Tout d’abord, il s’agit d’éviter les eaux stagnantes en vidant les arrosoirs, coupelles, gouttières bouchées… afin de limiter le développement des moustiques, mais aussi en utilisant des oxygénateurs de bassin, défavorables à la survie des larves (et favorables aux poissons !). On connaît également les traditionnelles moustiquaires. Mais on concèdera volontiers que celles-ci ne sont pas adéquates pour l’espace public ! Des innovations voient donc le jour pour traiter la problématique « moustique » à plus grande échelle, notamment au niveau de mares, d’étangs, de réserves d’eau… Voici quelques solutions à votre disposition :
- les « filtres écologiques », pour gîtes larvaires, et notamment pour les avaloirs, regards, gouttières et pots de plantes, qui représentent une part importante des lieux de ponte en ville. Ainsi, des filtres élaborés à base de 85 % de caoutchouc recyclé (pneus usagés) permettent d’éviter la ponte des moustiques tout en laissant l’eau s’infiltrer. D’autres systèmes sont dédiés aux gouttières, sachant qu’en zone urbaine, une gouttière sur deux abrite des larves. La mise en œuvre est facile, sans nécessiter la dépose de la gouttière, avec une découpe aisée à la scie à métaux. Enfin, des dispositifs existent pour les regards : une couche de caoutchouc, prise entre deux cadres métalliques avec une feuille grillagée, permet de limiter le développement des moustiques, avec deux naissances sur trois estimées dans les avaloirs des voiries, ainsi que l’entrée des rongeurs ;
- les dispositifs émetteurs de fréquence. La société Edialux propose ainsi un système de lutte écologique pour éliminer les larves. Un boîtier, équipé d’une sonde, envoie de façon régulière une fréquence sonore de 18 à 36 Hz, qui fait alors entrer en résonnance l’air contenu dans la vessie des larves, poche située dans leur thorax. L’énergie emmagasinée créé alors une rupture de la membrane de la vessie, des bulles d’air s’échappant et entraînant de nombreux traumatismes dans le corps de la larve, conduisant finalement à sa mort. Ce dispositif, qui peut être loué, est parfaitement adapté aux puisards ou aux citernes de 200 L par exemple ; - les barrières ou films anti-larves et anti-moustiques, qui forment une barrière physique invisible à la surface de l’eau. Certains sont composés essentiellement de silicone (sans substance active) et sont sans risque pour la faune et la flore. Ils se répandent uniformément à la surface des eaux stagnantes pour former un film très fin et invisible à la surface qui agit ainsi par action mécanique en bloquant le cycle de développement du moustique, en affectant tous ses stades larvaires ;
- les dispositifs à UV, à l’image d’ampoules 2-en-1 équipées, d’un part, d’une ampoule Led classique de couleur chaude, pour éclairer les extérieurs et intérieurs de locaux techniques, d’écoles primaires… de type standard (culot à vis E27). D’autre part, des UV bleus sont émis par le biais d’une Led de couleur bleue, ceux-ci attirant les moustiques sur une grille électrifiée entraînant la mort de ces nuisibles. L’ampoule peut fonctionner en mode lumière et anti-moustiques ou anti-moustiques uniquement.
Piéger les adultes
Pour piéger les adultes, et notamment les femelles responsables des piqûres et de la transmission de maladies, des appareils de capture sont à disposition des professionnels, notamment à partir d’ammoniaque, d’acide lactique et d’acides gras. Aussi, on sait désormais que les moustiques sont essentiellement guidés par le CO2 et l’odeur de la peau. Ainsi, des bornes anti-moustiques brevetées sont désormais à disposition des professionnels : elles simulent de façon mécanique et moléculaire la respiration humaine, afin de leurrer les femelles et limiter ainsi leur nombre et leur développement, dans un objectif de lutte raisonnée sans produits chimiques. Celle-ci est intégrée au sein de grands boîtiers à installer dans les rues ou bien à un mât d’éclairage : la borne comptabilise en temps réel les moustiques capturés, tout en réalisant de façon simultanée des relevés météorologiques, ce qui lui permet d’établir des statistiques pour lier l’évolution du nombre d’individus selon le lieu géographique et le moment de l’année et ainsi d’anticiper et de planifier la lutte anti-moustiques lors des pics de population.
Par ailleurs, Edialux propose une gamme de pièges brevetés disponibles en différentes versions, permettent de réduire de l’ordre de 85 % les populations dans un périmètre de 60 m. Robustes, ils sont faciles à installer dans les parcs et jardins, par exemple, et les substances attractives qu’ils contiennent (animaux vivants, autres substances odorantes) peuvent être associées avec un kit CO2. Lors du dernier congrès EMCA (European Mosquito Control Association), qui a eu lieu en mars et pour la première fois en France, à la Rochelle, de nombreux chercheurs et études sont venus appuyer ces technologies de piégeage comme une des solutions professionnelles phares.
Les biocides
Avec l’entrée en vigueur du Règlement européen UE n°528/2012, toutes les substances actives biocides sont inscrites sur une liste d’évaluation. L’objectif est d’assurer un niveau de protection élevé de l’homme, des animaux et de l’environnement, en limitant la mise sur le marché aux seuls substances actives et produits biocides efficaces, et qui présentent des risques acceptables pour l’homme et l’environnement. On les trouve ainsi en aérosols, liquides concentrés, diffuseurs électriques, larvicides… Dans tous les cas, des mesures doivent être respectées par l’applicateur pour ces produits réservés aux professionnels, telles que le port d’EPI. L’application de ces biocides nécessite également d’être détenteur d’un Certibiocide.
Plusieurs produits, détenant une AMM (Autorisation de Mise sur le Marché), sont à votre disposition pour éliminer larves et adultes :
- des émulsions concentrées en phase aqueuse, telles que le produit anti-vectoriel à usage professionnel de Bayer qui agit sur le système nerveux de l’insecte et engendre sa paralysie, puis sa mort. Le produit, approuvé par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), utilise la technologie brevetée FFAST® qui assure la formation d’un film protecteur autour des gouttelettes pulvérisées, ce qui permet une réduction de l’évaporation et l’obtention d’une taille optimale de gouttelettes ; - des larvicides microbiens sélectifs à appliquer dans les gîtes larvaires, pour une lutte ciblée. Ils s’appuient sur des bactéries telles que Bacillus thuringiensis Israelensis (4,5 %) et Bacillus sphaericus (2,7 %), sélectives vis-à-vis de la larve et efficaces contre les moustiques tigres qui, une fois ingérées par les larves, endommagent leur tube digestif et les tuent. Présenté sous forme de granulés dispersibles, il peut être appliqué dans une variété d’habitats, sans causer de dégâts aux poissons, à la faune et à la flore aquatique, et a une durée d’action jusqu’à 8 semaines. Ces bactéries peuvent aussi être intégrées dans des solutions concentrées aqueuses, où la taille réduite des particules améliore l’efficacité du traitement, en restant en suspension longtemps dans la zone cible occupée par les larves.
Voici donc plusieurs solutions qui, combinées entre elles, et en respectant un programme de lutte raisonnée, vous permettront de limiter les risques de transmission de virus par les moustiques. Aussi, il ne faut pas oublier que les oiseaux sont amateurs de moustiques : en favorisant leur installation dans la ville, par exemple par l’installation de nichoirs, vous limiterez ainsi les populations de ces insectes nuisibles !
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