Simon Metz (ENSNP Blois) pour son projet ‘Auf dem Weg, viticulteurs et habitants alsaciens face à l’abandon’. En Alsace, le même scénario se répète encore : à quelques jours des récoltes, des aléas climatiques extrêmes dévastent les cultures. Résignés, les viticulteurs, garants des viabilités du territoire, n’ont pas le choix : ils doivent continuer s’ils veulent survivre. À l’arrière des vitrines folkloriques, une approche du paysage établie selon une logique d’anticipation et de prévention guidée par l’écoute et l’imagination collective permet de faire face à l’urgence des situations.

 

Mention spéciale à Ainhoa Elissalde (ENSAPBX) pour le projet ‘Célébrer la nature, à la mémoire des sorcières basques’. Résumé : Hors des murs du musée et niché dans la forêt-refuge d’Urio, s’installe le mémorial aux 86 femmes victimes de la chasse aux sorcières du 17e siècle au nord du pays basque. Le parcours utilise le paysage pour émouvoir et invite les corps à éprouver, célébrer et se recueillir dans la nature. Il prend la forme d’un sentier botanique qui traverse quatre tableaux faisant référence à la mythologie animiste et aux pratiques des guérisseuses.

 

Félicitations à Mathieu Lucas (Studio Mathieu Lucas) pour ‘Jardin bioclimatique, projet de préfiguration d’un espace public minéral’. En réponse à une commande publique de conception-réalisation, le projet de préfiguration vise à transformer une place minérale, traversée et très exposée en un jardin ombragé, lieu d’arrêt et de repos. Plusieurs dispositifs temporaires sont déployés sur site et une série de capteurs permet de mesurer les capacités bioclimatiques des aménagements afin d’objectiver la capacité de rafraîchissement du jardin et son éventuelle reproductibilité.

 

C’est le projet de Concetta Sangrigoli (Atelier Nous), s’intéressant au renouvellement des espaces publics du quartier du Morillon à Montreuil, qui a été salué. Il est basé sur une stratégie paysagère ambitieuse engagée par la Ville de Montreuil et Est Ensemble. Avec la participation de tous les acteurs locaux, l’élaboration d’un plan guide a été l’occasion de co-créer un programme offrant un maillage paysager attractif et régénérant. Ces espaces publics sont le support de nouveaux usages favorisant des ambiances à la fois ludiques, sportives et conviviales.

 

La découverte du Canal de Loumet, proposée par Aurélien Albert (Atelier Gama), s’est distinguée. Cette reconquête d’un patrimoine historique oublié comme support d’un nouveau rapport à l’eau au sein du quartier, voilà comment résumer le projet de découverte du Canal dans le quartier de Loumet à Pamiers. Le canal ainsi révélé fédère autour de lui les aménités urbaines retrouvées : des espaces de détente, de repos et de contemplation.  

 

Mention spéciale à Pénélope Haas pour l’aménagement frugal en Baronnies. Dans la Drôme, la commune de Montjoux-La Paillette s’égrène en hameaux villageois accolés aux pentes, reliés par une route encerclant la vallée du Lez, dans le PNR des Baronnies Provençales. Elle est un point de bascule vers les cols, vallées et sommets des Baronnies, marqués de falaises calcaires et d’affleurements rocheux. L’enveloppe frugale (300 000 euros pour aménager deux villages et un hameau en y réduisant la vitesse) imposait au paysagiste concepteur de rompre avec l’approche classique de la maîtrise d’œuvre.

La premier prix a été décerné à Agathe Turmel (Pollen Paysage) pour ‘Chemins faisons, de l’Aubrac au Pays Basque !’. A la fois sentiers, paysages, héritage spirituel, les Chemins de Compostelle forment un ensemble patrimonial inédit, témoin d’une intime relation entre l’homme et la nature, incarnant, aussi, des valeurs immatérielles. La préservation et la transmission des valeurs du bien Unesco nécessitent la construction d’un plan de gestion, abordé ici par le prisme de la marche comme vecteur de fédération territoriale et de rencontres plurielles, dans l’optique de faire perdurer le rôle social et culturel des Chemins.

 

Ce prix a été attribué à Miguel Georgieff, pour son plan de paysage sous-marin des Calanques. Le Parc National des Calanques est gestionnaire d’un espace de 43 500 ha de cœur marin (+ 8 500 ha terrestres). Il s’est doté en 2016 d’un Plan de paysage terrestre. C’est pour partager, échanger et faire évoluer la culture du paysage qu’il a poursuivi son Plan de paysage par une partie sous-marine. Aux lisières de la pratique de la profession de paysagiste concepteur, Coloco a pris en main l’élaboration de ce document ambitieux et de cette démarche pilote.