Pour un arbre élevé en pépinière, qui a pu profiter d’un certain confort pendant les premières années de sa vie, l’arrivée en ville est une véritable épreuve de survie, le milieu urbain s’avérant particulièrement hostile. Transplanté, il se retrouve tout-à-coup dans un sol souvent pauvre et hétérogène, avec un volume et une profondeur d’enracinement limités. Dans le même temps, la physionomie urbaine, caractérisée par de grands bâtiments, conduit à créer des couloirs de vents par effet Venturi : l’arbre doit alors y faire face, il doit résister pour ne pas tomber. Sur le littoral, et parfois le long des fleuves tels que le Rhône, la problématique est toute aussi prégnante : il faut aider l’arbre à se maintenir face aux vents dominants violents avec, par ailleurs, des tempêtes de plus en plus nombreuses et dévastatrices.
Alors que les villes sollicitent de plus en plus l'arbre comme climatiseur urbain, il est donc nécessaire de réfléchir à une structure de maintien durant les premières années d’installation de l’arbre en ville, mais en étant très vigilant à lui laisser la liberté d’osciller, afin qu’il se consolide par lui-même et s’enracine bien, car « pas de vent, pas de bois ! ».
Précautions et règles d’or
Dans le domaine du maintien de l’arbre après plantation, plusieurs choses essentielles sont à savoir, afin de ne pas produire l’effet inverse à celui initialement recherché. Voici quelques règles à retenir :
- les structures de maintien (tuteurs, points d’amarrage de la motte) doivent être positionnées du côté des vents dominants afin de protéger mécaniquement l’arbre ;
- par vents dominants, on entend deux choses : il y a en effet les vents dominants spécifiques à chaque région, territoire, micro-territoire. Ceux-ci sont à prendre en compte lors de plantations en milieu rural ou sur le littoral. En milieu urbain, avec la modification de la circulation de l’air, il faut prendre en compte le « vent réel », autrement dit les vents quotidiens, pour installer ses tuteurs ou points d’ancrage ;
- le type de structure de maintien choisi doit être adapté à la force et la hauteur du végétal ;
- on parle bien de maintien de l’arbre et non pas de tension : le tuteurage doit permettre un mouvement naturel du haut du tronc et de la ramure, le vent permettant de stimuler la croissance et le développement racinaire de l’arbre, afin d’en faire un être stable et fort. En d’autres termes, l’arbre doit pouvoir bouger ! ;
- dans cette logique, il s’agit de bien veiller, durant les mois et premières années suivant la plantation, au bon état des structures de maintien, colliers et câbles compris.
Tuteurage, un dispositif aérien
Le tuteurage, dispositif aérien de maintien utilisé, est la solution majoritairement utilisée, la plus simple et la moins coûteuse. De ce fait, elle est celle qui assure la plus faible résistance aux vents violents, bien qu’elle soit tout de même efficace. Car du monopode au quadripode, en passant par le bipode et le tripode, le tuteurage peut assurer le maintien de gros sujets. A noter que les spécialistes de la biomécanique de l’arbre conseillent aujourd’hui un tuteurage tripode ou quadripode qui laisse plus de liberté à l’arbre tout en le protégeant des agressions extérieures et en le maintenant, plutôt qu’un tuteurage monopode ou bipode. Mais, comme dit préalablement, tout dépend de la force de l’arbre. Voici les différents types de tuteurage :
- tuteurage monopode : il est à réserver aux petits sujets et aux racines nues. Enfoncé entre les racines, il présente le risque de blesser le système racinaire ;
- tuteurage bipode : deux tuteurs, placés du côté des vents dominants, sont reliés entre par un demi rondin ou une planchette (à privilégier car plus proche du tronc). Ils sont à installer en dehors de la motte, grâce à une masse ou un marteau piqueur, à une profondeur de 50 cm et plus. Ils peuvent supporter des arbres de force 10/12 à 30/35 (avec des tuteurs Ø 100 mm). Plus économique que du tripode ou quadripode, le bipode est adapté, par exemple, à des plantations en parc, sans menace de dégradations automobiles ;
- tuteurage tripode et quadripode : le nombre de tuteurs permet une protection physique du tronc mais encombre, par ce biais, davantage l’espace public. Pour un tuteurage tripode, il s’agit de placer les tuteurs à 120° les uns des autres. Le nombre de points d’attache permet donc d’optimiser le maintien de l’arbre tout en lui laissant la possibilité de bouger.
Ancrage de motte, l’amarrage en souterrain
L’ancrage est une bonne alternative au tuteurage pour les arbres en motte ferme ou grillagée : en présentant des points d’amarrage souterrains, souvent au nombre de 3, l’espace est désencombré en surface et le maintien est également plus adapté à la croissance de l’arbre, en laissant la cime et le tronc bouger plus librement. Le risque de blesser le système racinaire et le tronc est également moindre et l’ancrage fait aussi office d’antivol invisible. Selon le contexte, divers dispositifs s’offrent à vous.
Le plus courant est l’ancrage avec ancres à bascules : ces dernières sont enfoncées manuellement ou avec un marteau-piqueur dans le sol, à l’aide d’une tige métallique spécifique, et selon un angle de 120 ° en cas de 3 points d’amarrage. Reliée à un câble d’acier ou à une sangle en coton/jute, il suffit ensuite de tirer un coup sec pour faire basculer l’ancre, créant ainsi un cône de compaction qui assure une résistance à l’arrachage. Des kits prêts à l’emploi existent également pour de l’ancrage sur dalle béton ou pour des situations plus ventées et/ou des gros sujets, en proposant un réglage supplémentaire grâce à des galets autobloquants.
Un autre procédé, particulièrement adapté à une faible profondeur de terre ou à des milieux urbains denses où les réseaux sont nombreux, permet d’ancrer l’arbre en restant dans le volume initial de la fosse : des stabilisateurs, avec griffes de maintien, sont directement fixés dans la motte, ce qui permet de suivre le tassement du terrain après plantation et d’éviter de venir retendre les sangles 2 à 3 jours après la plantation.
Autre innovation : un procédé de fixation de motte sans ancrage, tout-en-un, lorsque la zone de plantation s’avère peu profonde et les réseaux enterrés nombreux, afin de remplacer l ’ancrage sur treillis soudés et traverses en béton et pour réaliser une plantation sur dalle. Des cellules en plastique recyclé et interconnectables permettent de créer une plateforme de plantation parfaite pour les plantations en toiture et sur terrasse qui, en plus de jouer leur rôle de maintien de l’arbre, permettent de retenir l’eau et de maintenir le sol humide plus longtemps.
Le haubanage pour les grands sujets
Enfin, la solution aérienne la plus efficace pour les gros sujets aux ramures développées et/ou à racines nues est le haubanage, qui peut être réalisé à la plantation ou bien pendant la vie de l’arbre. Il convient aux arbres qui ont une prise au vent toute l’année et c’est pourquoi, ce sont souvent des résineux qui gardent leurs aiguilles, tels que des pins, que nous voyons haubanés. Ce système est assez complexe à mettre en œuvre en milieu urbain dense, car son emprise au sol est importante : il est à privilégier dans les grands parcs ou autour de sujets inaccessibles. Ce sont des ancres qui assurent les points de maintien au sol, selon le même principe de mise en place et de verrouillage que pour l’ancrage de motte. Le haubanage est parfois associé à l’ancrage de motte pour les très gros sujets. Ce sont ensuite 3 câbles par haubans, équipés de serre-câbles, qui assurent la tension. Pour protéger l’écorce de l’arbre, des gaines de protection doivent être installées autour des câbles acier au niveau des branches d’accroche.
Vous voici donc parés pour choisir la solution de maintien adaptée aux arbres que vous comptez planter, les fabricants et fournisseurs de matériel d’ancrage proposant désormais des tutoriels YouTube très ludiques !