Redonner toute sa place à l’arbre en ville, c’est l’objet des nombreuses déclarations récentes à ce sujet, dont nous devrions nous satisfaire, à l’image de la capitale qui veut créer trois forêts urbaines ou végétaliser ses grandes places emblématiques. Artificialisation des sols accrue, couleur et rugosité des matériaux, physionomie bâtie, manque de nature… toutes ces caractéristiques entraîne en effet une hausse des températures, notamment nocturnes, par un stockage de chaleur qui peine à s’évacuer. Les épisodes caniculaires sont donc d’autant plus impactants en ville et lutter contre les îlots de chaleur urbains est alors un moyen d’atténuer les conséquences locales du phénomène global de changement climatique. Face à cela, les plus grands représentants du monde végétal que sont les arbres, sont des acteurs clé pour climatiser la ville de demain.
L’arbre, acteur du climat
Pour François Boisleux, ingénieur projet de l’Observatoire Climat à l’ADEME Hauts-de-France, « l’arbre est un acteur majeur du climat, à la fois pour atténuer et s’adapter au changement climatique. Durant sa croissance, l’arbre stocke du carbone, élément rejeté de façon massive dans l’atmosphère par les activités anthropiques qui participent grandement au réchauffement climatique. D’autre part, par l’ombre qu’il apporte et par l’évapotranspiration de son feuillage, l’arbre urbain contribue à diminuer de façon locale, mais tout de même significative, la température et participe alors à créer un îlot de fraîcheur urbain. Il est essentiel que les gestionnaires d’espaces publics considèrent donc l’arbre au delà de sa valeur ornementale, d’autant plus qu’il offre d’autres bénéfices quant au captage des particules en suspension et pour la biodiversité » précise François Boisleux.
Un investissement très intéressant...
Olivier Papin, du bureau d’étude ingénierie énergie et environnement E6, et Alexandre Colin, paysagiste concepteur de l’Atelier Colin et Poli Paysages, ajoutent : « l’arbre est sûrement un des outils les moins coûteux pour climatiser la ville, avec un ratio coût/bénéfice très intéressant : à New York, il a été calculé que pour 1 $ investi, un arbre rapporte plus de 5 $ de bénéfices à la collectivité. Les mécanismes des arbres absorbent en effet de la chaleur et leur feuillage protège les bâtiments des rayons lumineux. Ces capacités de climatiseur dépendent bien sûr du développement de l’arbre (petit, moyen ou grand), de sa surface foliaire, mais aussi de l’espèce et de la nature de l’arbre : un arbre est plus ou moins efficient selon son essence. Les bénéfices de l’arbre comprennent également sa valorisation en fin de vie : il peut être utilisé comme bois d’œuvre, pour alimenter des chaufferies bois ou encore en paillage dans les massifs ».
Optimiser les conditions de plantation pour augmenter l’impact sur climat
Aujourd’hui, plusieurs chiffres sont avancés par les différents outils qui existent pour calculer les bénéfices de l’arbre. Ainsi, on peut entendre « qu’un Douglas de 80 ans stocke 240 T de carbone/ha/an ». Attention seulement, « ces chiffres sont à prendre avec des pincettes » affirme François Boisleux, « c’est le résultat dans des conditions de plantation optimales ! En effet, prenons l’exemple d’un arbre planté dans une fosse bien trop petite pour son bon développement et dans un sol composé de gravats : il stockera beaucoup moins de carbone, tout comme le sol, plus imperméable, qui absorbe aussi cet élément. Mieux l’arbre sera planté, plus il sera efficace ». L’association d’un arbre à d’autres strates végétales arbustives et/ou herbacées permet également d’augmenter l’effet d’îlot de fraîcheur urbain. A bon entendeur…