“Nous, les jardiniers-paysagistes, avons le pouvoir extraordinaire de cultiver l’eau. Nous portons des solutions à la crise de l’eau”, explique Charles Parvais. Face à une sécheresse sans précédent dans son département, des Pyrénées-Orientales, l’entrepreneur du paysage ne ménage pas son énergie pour rencontrer les pouvoirs publics, s’appuyant sur les réflexions du groupe de travail dédié à l’eau de l’Unep, auquel il contribue.
Cultiver l’eau verte
Depuis la sécheresse de 2022, les professionnels du paysage s’appuient sur les dernières connaissances scientifiques et les confrontent à leur expérience pratique. Ainsi lors de ’Jardins, jardin’, début juin, Marie-Christine Huau, Directrice stratégie eau et climat de Veolia Eau France, a dressé un tableau de la situation hydrique dans l’hexagone, avec un titre évocateur ‘Trop ou trop peu : cycles de l’eau et nouveaux enjeux’. Depuis 2017, la France connaît en effet des épisodes inédits de fortes pluies et de sécheresses. L’eau tombe trop ou trop peu, de manière brutale et difficilement prévisible. La répartition géographique est également très inégale, comme le montre la situation, toujours critique, des Pyrénées-Orientales, alors que le niveau des nappes est jugé très satisfaisant sur la majeure partie du territoire. Les relations entre l’eau, le sol et le végétal sont au cœur du propos de cette ingénieure agronome. “Penser qu’il faut utiliser des plantes à faible évapotranspiration est une erreur. Car l’eau qui s’évapore n’est pas perdue. Elle contribue au cycle de l’eau”, ajoute Marie-Christine Huau.
Un autre agronome, Samuel Bonvoisin, cofondateur du mouvement Pour une hydrologie régénérative, le proclame : ‘L’eau se cultive’. En effet, ainsi que le rappelle l’hydrologue Charlène Descollonges, auteure de l’ouvrage à succès L’eau, fake or not ?, paru en mai 2023 aux éditions Tana, deux tiers (2/3) des précipitations, autrement dit, 6 à 7 gouttes de pluie sur 10, proviennent de l’eau verte. On appelle ‘eau verte’ l’humidité contenue dans la végétation et leur substrat. C’est la dernière des limites planétaires à avoir été franchie en 2023 : près de 20% des sols dans le monde ont atteint un niveau de sécheresse record.