Tant qu’à planter des arbres, autant qu’ils soient ‘productifs’ !
La demande en pépinière fruitière ne se dédit pas. Cette famille de produit constitue toujours une source intarissable pour satisfaire vos clients en vous démarquant de la concurrence. Que ce soit pour offrir aux abeilles de quoi garnir les ruches, ou encore soutenir et enrichir la biodiversité (et en particulier les insectes), source d’auxiliaires propices à un équilibre phytosanitaire. De puissants arguments de vente, selon votre type de clientèle. La cueillette en famille, moment privilégié de cohésion familiale ou encore la confection de savoureuses confitures ou gelées constituent souvent ‘des madeleines de Proust’ qui vous permettront de vendre des fruitiers, idéalement en racines nues et en automne. De quoi lisser vos chantiers dans le temps, et surtout votre chiffre d’affaires.
Un fruitier, oui, mais c’est un arbre !
Comment le ‘gérer’ ?
Comment anticiper les questions quant à la gestion, la maintenance et l’entretien de ces arbres ? Le premier frein à la vente vient de la taille. Vous pourrez facilement le lever en intégrant à vos abonnements d’entretien, la taille, le traitement hivernal, pendant que certaines matières actives sont encore autorisées et n’effraieront pas vos clients, compte tenu de l’ancienneté de leur utilisation. Exemples : bouillie bordelaise, souffre micronisé, huiles de paraffine.
Jean-Baptiste de la Quintinie et le Roi Soleil
Mis au défi de produire abondamment pour la table du roi, sur une surface ‘restreinte’, La Quintinie a ‘inventé’, et nous a légué, les formes fruitières palissées pour des arbres tels que pommiers, poiriers, 'fruits de Roi', ou encore pêchers, que l’on préserve comme un patrimoine vivant à Montreuil (94). Une structuration des branches charpentières aide à la fois la croissance et l’emprise de l’arbre en optimisant la production de fruits. Les arbres palissés structurent l’espace avec élégance et originalité, et produisent des fruits sur une surface très modeste. Leur faible emprise spatiale, grâce à une taille d’hiver simple, mais stricte, permet une densité de plantation importante, une exposition optimale des fruits au soleil et une résistance accrue aux maladies ! Les palmettes dites ‘U double’ favorisent une distribution optimale de la sève et une productivité en conséquence. L’effet rendu est particulièrement élégant et recherché par une certaine clientèle pour structurer un jardin. Les pépinières Delbard à Malicorne (03) produisent depuis trois générations ces fabuleux arbres. Les Pépinières Franciliennes proposent également ce genre de formes fruitières, avec quelques pépites qui méritent le déplacement. Notamment des sphères et des cubes. Laurent Chatelain propose également les formes dites versaillaises : “Je fais des formes produites au 19ᵉ dans le Potager du Roi à Versailles, j’ai aussi la collection des formes fruitières anciennes au CCVS collections labellisées en 2023 Conservatoire des Collections Végétales Spécialisées (CCVS).”
Fruitiers et changement climatique
Originaire du bassin méditerranéen, voire d’au-delà, qu’il s’agisse de grenadiers, d’amandiers, de néfliers, et même de certains agrumes, la palette végétale est vaste et peut répondre à presque toutes les exigences et contraintes climatiques de demain. Le débat de nos jours sur les pro ‘végétal endémique’ versus ‘végétaux exotiques’ par définition, nous masque les dangers à venir de maintenir une palette végétale exclusivement endémique, obtenue et cultivée depuis une centaine d’années. Selon Yves Darricau, agronome et auteur, la migration assistée peut être l’une des réponses à la rapidité de la hausse des températures. Parmi les essences que l’on croit tout à fait locales, il en est une en particulier qui nous vient de bien loin…
Le pommier… Un peu d’histoire
Le pommier nous vient originellement d’Asie Centrale et Occidentale, dans une région comprise entre Chine, Russie et Iran, plus précisément sur le territoire de l’actuel Kazakhsta.
Malus sieversii, l’ancêtre de tous les pommiers cultivés, pourrait ouvrir de sérieuses pistes d’adaptation. Des recherches In Vivo vont bientôt voir le jour en région lyonnaise, dans les pépinières Daniel Soupe, grand adepte de la migration assistée, un infatigable voyageur et chercheur, intarissable sur l’origine des arbres, capable d’anticiper les variétés d’avenir. Ainsi, des essais in vivo doivent développer dans les années qui viennent de nouvelles variétés particulièrement adaptées à des températures très froides > - 20 °C, mais également très chaudes < 40 °C. Ceci fait de cet ancêtre de tous les pommiers un excellent parent pour de nouvelles variétés. Ainsi, une variété de pommier, dont les fruits arrivent à maturité dès juin pourraient se retrouver dans vos palettes végétales d'ici à quelques années. De quoi étager les fructifications pour satisfaire vos clients.
Les autres essences d’avenir…
La culture du pistachier Pistacia vera, autrefois largement répandue dans le sud de la France, reprend vie. La concurrence des pays tels que la Turquie pourrait s’estomper avec le réchauffement climatique. De quoi proposer à vos clients du sud un produit à haute valeur ajoutée, à la symbolique ‘forte’ et qui ‘parle’ aux clients, à l’heure de l'apéritif !
Citrus aurantium, le Bigaradier, est l’un des agrumes les plus rustiques et se voit résister à des gels proches de - 10 °C ! Son feuillage persistant, vert profond ravira vos clients avec sa floraison printanière délicieusement parfumée et vous régalera. Les oranges amères produites par cet arbre font une remarquable confiture, ou du vin d’oranges amères.
Des fruits mythiques…
• Il est grand temps de songer à planter chez vos clients des amandiers dont la résistance à la sècheresse et à l’ensoleillement n’est plus à prouver. Certaines pépinières élargissent la gamme que vous connaissez et qui se résume à 2 ou 3 variétés. Parmi elles, des variétés cultivées depuis 200 ans en Provence, telles que ‘Princesse’. D’autres variétés au nom évocateur, telles que ’Ardéchoise’, pourrait voire leur aire de culture remonter également vers le nord. Les avantages des amandiers sont de se satisfaire de sols peu riches, de peu d’eau et d'être capables de résister autant au chaud qu’au froid.
• Les grenadiers, qui produisent déjà des fruits dans le sud de la France, pourraient bientôt fructifier à des latitudes plus au nord. De quoi proposer à vos clients des arbres à la croissance et la mise à fruits très rapide. Le grenadier, qui fait déjà son apparition dans les palettes végétales, offre non seulement des résistances remarquables au chaud, mais également au froid, car rustique, ce qui lui vaut de contenter vos clients du nord. Sa croissance rapide leur permet de bénéficier rapidement d’une ombre de plus en plus recherchée au jardin, et sa floraison spectaculaire lui confère un atout majeur.
• Certaines variétés de fruitiers à coques, tels que les Caryas pourraient rapidement s’imposer chez vos clients. À réserver toutefois pour des jardins d’une certaine taille compte tenu de leur croissance. La perspective de récolter des noix de pécan est un argument de taille à la fois pour ombrer les jardins, mais aussi pour produire de savoureuses noix. Les conditions pédoclimatiques rencontrées dans ces pays sont similaires à celles vers lesquelles les projections du GIEC nous conduisent.
• Un autre fruit venu de contrées lointaines offre des perspectives d’obtention de nouvelles variétés plus résistantes au sec et à l’ensoleillement. L’abricotier, originaire de Chine, et répandu dans le bassin méditerranéen par les Perses, est souvent associé à la culture en Provence.
• Enfin, et surtout, un fruit sollicité par une vaste clientèle, extrêmement répandu, dont le nombre de variétés est sans doute l’un des plus importants de tous les fruitiers énoncés, est le figuier. Une large gamme est cultivée depuis fort longtemps dans le sud de la France, mais aussi jusqu’au nord grâce à des variétés aussi rustiques que résistantes au sec et au chaud.