Comme le souligne l'étude menée en 2019 aux États-Unis « Urban trees live fast, die young compared to those in rural » (les arbres urbains poussent plus vite mais meurent plus jeunes que ceux vivant en milieu rural), la création de conditions optimales de développement de l’arbre en ville, notamment par la relance des fonctions essentielles et la réactivation de la vie du sol, est d’actualité. Cette étude explique que « les initiatives visant à accompagner l’établissement de l’arbre en ville et la préservation de sa santé sont essentielles au développement des services écosystémiques des arbres et à la limitation du changement climatique ». En tant que professionnels, il est essentiel d’offrir à vos arbres urbains des sols vivants et fertiles dans lesquels ils pourront s’épanouir et s’ancrer durablement.
Bactéries et mycorhizes : des ‘auxiliaires’ sur lesquels compter
Nombreux sont les témoignages des professionnels (collectivités, paysagistes concepteurs, entreprises de paysage) qui pointent la baisse de qualité des
terres végétales apportées sur les chantiers. Couplée à la ressource précieuse que représentent les terres agricoles peu à peu grignotées par une urbanisation massive, l’apport de
micro-organismes (bactéries, levures, mycorhizes) est alors une solution raisonnée pour «
faire » avec les terres en place, en tirant parti des processus qui s’établissent naturellement dans le sol entre racines, champignons ou encore bactéries.
Ainsi, la
biostimulation vise à stimuler les processus naturels de nutrition des végétaux indépendamment des éléments nutritifs que le sol contient et à renforcer leur résilience aux stress abiotiques. Les
produits biostimulants sont ainsi composés d’une combinaison plus ou moins complexe d’éléments constituants (extraits de composés végétaux, acides aminés, substances humiques), dont les micro-organismes. Ainsi,
bactéries,
champignons, mais aussi
levures ont chacun leurs avantages :
- tout d’abord, les bactéries : elles ont un rôle nutritif essentiel permettant de
régénérer les sols urbains : elles dégradent la matière organique présente en éléments nutritifs utilisables par l’arbre. Elles fixent l’azote et solubilisent également le phosphore, souvent bloqué dans les sols urbains au pH élevé, le rendant ainsi bio-disponible pour l’arbre, tout cela sans apporter d’
engrais ou d’
amendement ;
- ensuite, ce que l’on appelle couramment les mycorhizes, associations symbiotiques qui s’opèrent naturellement dans des sols non cultivés entre une plante et un champignon. L’apport de mycorhizes permet de créer un ‘super-système’ racinaire : la plante prospecte le sol plus loin et plus finement, avec un potentiel 10 à 100 fois supérieur d’exploration. Ce processus permet d’augmenter le pouvoir d’absorption racinaire et la croissance des arbres qui résisteront mieux aux stress abiotiques ;
- enfin, certaines levures aux propriétés agronomiques très intéressantes qui minéralisent de façon particulièrement efficace la matière organique en éléments nutritifs disponibles pour l’arbre.
Les produits mycorhizés
Les produits mycorhizés sont issus de souches naturelles ensuite mises en culture grâce à des biotechnologies (in vitro, sporulation, propagules). D’un point de vue règlementaire, ils doivent d’abord être évalués par l’ANSES, puis contrôlés pour la mise en marché du produit par le ministère de l’agriculture qui délivre ou non une homologation.
La
mycorhization peut se faire de différentes manières : par apport d’un
substrat type terreau enrichi en mycorhizes ; par pralinage de racines nues ou au niveau des mottes en appliquant des produits avec mycorhizes au niveau des
racines.
Substrats avec mycorhizes
Les
substrats avec mycorhizes sont souvent utilisés, car permettant une bonne répartition des champignons. Ainsi, il existe des
supports de culture biotisés, adaptés aux plantations d’arbres, utilisant des matières premières stables, renouvelables, à faible impact carbone, favorisant la ré-humectation et assurant l’oxygénation des racines.
Poudres, granulés et liquides mycorhizés
De leur côté, les formulations en poudres, granulés et liquides permettent aux utilisateurs d’adapter les apports selon les besoins. A l’image d’engrais hydrosolubles d'origine végétale à base de racines endomycorhizées de plantes et d'algues brunes, qui s'utilise par simple arrosage pour les arbres déjà plantés. A savoir qu’il est nécessaire de respecter les doses maximales préconisées sur les étiquettes des produits afin d’éviter de déséquilibrer le sol. Par exemple, il existe des supports de culture constitués de champignons mycorhiziens (Glomus intraradices) pelliculés sur du charbon végétal pyrolisé, favorisant le développement racinaire des plantes et la résistance aux stress thermiques.
Les bactéries
Les bactéries, qui peuvent également se présenter sous forme de granulés ou d’engrais liquides, ont aussi un rôle nutritif essentiel pour les plantes et sont à ce titre intégrés dans des activateurs de sol à action biostimulante. Elles sont associées à différents composants pour une action biostimulante renforcée, comme des algues ou des substances humiques.
Associations bactéries et levures
Aussi, il existe des produits à action biostimulante combinant les différents micro-organismes vivants du sol, et notamment les bactéries et les levures comme, par exemple, l’association de
Bacillus amyloliquefaciens à des levures. Pour une installation pérenne de l’arbre, il s’agit de renouveler l’apport de
biostimulant 1 à 2 fois par an jusqu’à ce que la reprise soit assurée.
L’apport de micro-organismes permet ainsi de relancer l’activité d’un sol, celui-ci devant être, comme pour la fertilisation classique, raisonné, c’est-à-dire adapté à la « richesse » du sol en place et aux végétaux installés.