Chaque année, en hiver, près d’un million de tonnes de sel et de fondants routiers sont déversées sur les routes et les trottoirs de l’hexagone, avec parfois plus de 30 tonnes de sel épandues en 24 h dans certaines collectivités. C'est trop, d’autant plus que le prix de revient final de la tonne de sel pour les collectivités, incluant les investissements matériels, le salaire des agents et le coût du sel, est d’environ 100 €. C'est pourquoi, les municipalités et les services techniques ont tout intérêt à freiner leur consommation, ce qui ne veut pas dire qu’il faille négliger la sécurité, bien au contraire. Il s’agit simplement d’investir dans du matériel performant et bien réglé pour apporter la juste quantité de sel, mais aussi d’intervenir au moment opportun, c’est-à-dire en pré-curatif.
DPA, AGITATEUR, MODE DE REMPLISSAGE…
Des caractéristiques intrinsèques à chaque épandeur améliorent considérablement leur performance. A commencer par le Débit Proportionnel à l’Avancement (DPA) ; autrement dit, le débit de la saleuse (épandeur) est proportionnel à la vitesse d’avancement du tracteur. C’est le principe de certains dispositifs embarqués à bord du véhicule, permettant d’économiser de grandes quantités de sel. Depuis cet ordinateur de bord, des commandes permettent également de piloter l’ouverture et la fermeture du dosage, d’ajuster la largeur et le secteur d’épandage, de régler l’éclairage de travail pour garder un œil sur la surface épandue... Ce genre de système offre aussi une répartition constante du produit sur toute la largeur de travail et limite la poussière de sel. En complément du système de réglage du débit électronique, la vitesse de rotation du disque et de l’agitateur est bien souvent réduite au minimum lorsque le tracteur s’arrête. Ceci évite la pulvérisation du sel dans la trémie et empêche ainsi tout blocage ou création de tunnel. Au sujet de l’écoulement du sel dans la trémie, des entreprises proposent des épandeurs avec un système d’agitation spécifique, doté d’un moteur distinct qui entraîne un agitateur lent. Cette technique d’assistance, en cas de blocage, permet à l'agitateur de fonctionner même en cas de forte résistance. Ainsi, le moteur ne peut pas être en surcharge. Cela garantit la fluidité des produits d'épandage parfois anguleux ou sous forme d'amas. Des machines mixtes permettent également d’épandre du sel humide, du sable ou les deux à la fois (50/50), diminuant ainsi les quantités de sel épandues.
Réaliser des économies, c’est aussi gagner du temps. Des constructeurs proposent notamment des épandeurs en nappe autochargeables ; plus besoin de descendre du tracteur pour charger ou recharger l’épandeur : techniquement, un vérin hydraulique rabat la trémie au sol, qui se remplit alors en marche arrière comme un godet de chargeur.
EPANDAGE ET ETALONNAGE
Avant chaque saison hivernale ou changement de type de fondant, il est impératif d’étalonner son matériel d’épandage. Plusieurs méthodes sont utilisées. L’une d’entre elles consiste à quadriller une plateforme de 1 x 1 m, de collecter le sel en sortie du matériel et de le peser par mètre carré, donnant ainsi une image de la répartition transversale et longitudinale.
Autre méthode : collecter les fondants en sortie d’épandeur pendant un temps déterminé, simulant une vitesse d’avancement sur une largeur d’épandage connue. La méthode la plus poussée à ce jour en France est un système appelé ODEMIE (Optimisation du Dosage des Epandeuses par Matériel Informatisé pour le respect de l’Environnement) qui permet l’étalonnage du sel solide mais également de la saumure en pesée continue.