Processionnaires du pin et du chêne, charançon rouge du palmier, bombyx disparate, tigre du platane, pyrale du buis… pour la strate arborée et arbustive. Pucerons, acariens, cochenilles farineuses, thrips, aleurodes… pour les annuelles et les rosiers. Les
ravageurs s’attaquant aux végétaux installés dans nos espaces verts sont nombreux et peuvent vite virer au fléau si rien n’est engagé pour enrayer leur présence. Suite aux
évolutions réglementaires pour préserver l’environnement, limitant l’utilisation des insecticides chimiques de synthèse, les
solutions de biocontrôle à destination des professionnels se développent. La
lutte biologique s’inspire des relations naturelles de prédation ou de parasitage entre les espèces vivantes afin de combattre les ravageurs, mais aussi de substances naturelles végétales.
Les macro-organismes
L’utilisation de macro-organismes consiste à libérer des prédateurs, parasitoïdes ou nématodes contre le ravageur présent dans vos cultures, selon un calendrier bien précis lié aux cycles naturels des espèces. Les fournisseurs et producteurs sont nombreux à proposer une variété de solutions pour les professionnels et sont là pour vous apporter expertise et conseils, pour un plan de lutte adapté. Ainsi, voici plusieurs organismes que l’on peut utiliser :
- les chrysopes : ce sont des insectes névroptères qui sont de véritables alliés contre de nombreux ravageurs. On trouve, par exemple, Chrysoperla lucasina, dont la larve a pour proies pucerons, acariens, cochenilles, farineuses ou à carapaces molles, thrips, aleurodes, tigres du platane, teignes ou encore psylles. Dès l’apparition des premiers ravageurs, des tubes remplis d’œufs de chrysope peuvent être installés pour une prédation de 3 à 4 semaines. Si l’infestation n’est pas enrayée au bout de trois semaines, il faut renouveler l’apport afin qu’un nouveau cycle se mette en place ;
- les nématodes : ils servent par exemple à lutter contre les hannetons au niveau des gazons de terrains de sports, à l’image du produit
Sportnem de la société
Koppert ;
- les coccinelles, comme
Cryptolaemus montrouzieri, intégré dans la solution
Cryptobug de
Koppert, pour lutter contre la cochenille farineuse particulièrement problématique sur les plantes hivernées utilisées pour l’événementiel (
Ficus, Dipladenia…).
Les micro-organismes
Les
micro-organismes sont, quant à eux, des champignons, virus ou bactéries, nécessitant tous une AMM (Autorisation de Mise sur le Marché). Une variété de
produits phytopharmaceutiques de biocontrôle (au titre des articles L.253-6 du code rural et de la pêche maritime) contenant ces micro-organismes existe : ils agissent souvent sur plusieurs ravageurs à la fois. En voici un échantillon, classé par type d’organismes :
- les
champignons entomopathogènes : le
Lecanicillium muscarium, contenu dans le produit
Mycotal (AMM n° 2040354) de
Koppert, est, entre autres, homologué contre les aleurodes sur rosiers. Il se présente sous forme de granulés dispersables, avec 12 applications maximum par année ;
- les
bactéries : une variété d’entre elles sont utilisées pour lutter contre divers ravageurs, à l’image de
Saccharopolyspora spinosa, présente naturellement dans le sol. Celle-ci est à l’origine du Spinosad, principe actif de l’
insecticide de biocontrôle Conserve™ (AMM n°2060138 et UAB) proposé par la société
Nufarm, pour une action sur les arbres et arbustes d’ornement (papillon palmivore, bombyx disparate, thrips, processionnaires du chêne et du pin, lépidoptères et coléoptères défoliateurs). Il agit rapidement par contact, mais surtout par ingestion (5 à 10 fois plus efficace) : la mort survient en quelques heures.
On retrouve également fréquemment le
Bacillus thuringiensis. Le produit UAB
Bactura DF (AMM n° 2010513) de
Koppert contient le
Bacillus thuringiensis sp., homologué sur les chenilles phytophages en traitement généraux (pyrale du buis, processionnaires du pin et du chêne, bombyx…).
Confusion sexuelle par phéromones
En complément de
moyens de monitoring et de la
lutte biologique par
micro ou macro-organismes, une méthode innovante de lutte, par
confusion sexuelle grâce aux phéromones femelles de l’espèce en question à combattre, est en plein essor. La société
M2i Lifesciences propose ainsi deux solutions. L’une,
Phéro-Ball Pin, distribuée, entre autres, par
Nufarm, contre la
processionnaire du pin, est une solution brevetée, inédite par sa formulation mais aussi par son mode d’application, à l’aide d’un pistolet à air comprimé de type PaintBall. La deuxième est contre la
pyrale du buis. C'est un gel phéromonal, dont une noisette suffit, est disposé au cœur du buis, en moyenne tous les 2 m, grâce à un atomiseur manuel (air comprimé). Deux applications sont à réaliser lors du vol de la pyrale soit, en général, au début du printemps et pendant l’été.
Produit phytosanitaire de biocontrôle, son AMM temporaire va être reconduite cette année.
Substances naturelles
Enfin, les substances naturelles sont également un moyen de
lutte biologique. Ils peuvent être à base de :
-
pyrèthres naturels et huile de colza : ces substances végétales composent l’insecticide de biocontrôle
Spruzit EC Pro (UAB et AMM n°2160608) de
Compo Expert. Il agit par contact et asphyxie sur les pucerons, acariens, aleurodes ou encore cicadelles (œufs, larves et adultes), pour les rosiers, arbres et arbustes d’ornement, ainsi que les cultures florales. Il convient de traiter dès les premiers symptômes (dilution dans un pulvérisateur) ;
- huile paraffinique ;
- huile essentielle d’orange douce.
Une variété de solutions de
lutte biologique existe donc, le tout étant de
combiner les différents moyens pour une lutte véritablement efficace !
Les pièges, un moyen de monitoring
Il est important de faire la distinction entre les produits de lutte, où l’on limite le nombre d’individus dans ses différents stades (œuf, larve, adulte…), et les
solutions de monitoring, qui consistent à détecter la présence ou non de ravageurs, et sa densité. Les fournisseurs proposent ainsi une diversité de pièges autorisés pour du monitoring, sans nécessité d’AMM, pour tout type de ravageurs (pyrale du buis, processionnaire du pin, mineuse du marronnier,
Duponchelia, thrips…). A l’heure actuelle, il existe cependant une exception pouvant être utilisée comme
méthode de lutte. Pour lutter contre le
charançon rouge du palmier, un piège à phéromone à installer de façon semi-enterrée au pied des palmiers (pas plus de 14 pièges par ha autorisés), a été développé par la société
M2i Lifesciences. A installer pendant la période d’activité du charançon, soit en moyenne de fin février à fin octobre, les mâles sont attirés par les phéromones (
Rhyncho Pro Classic) et tombent dans le piège (
Pitfall). Le dispositif peut être utilisé en piège sec où l’insecte mourra d’épuisement (infestation raisonnable, entretien très réduit) ou en piège humide (mélange d’eau et de matière grasse comme du savon ou de l’huile inodore) où il se noiera (efficacité optimisée, infestation importante, visite de contrôle plus régulière).