Face aux limites de l’étalement urbain, les villes se densifient et les espaces privés s’amenuisent, rendant les exigences des citadins plus accrues en matière d’espace public. Autrement dit, ils vont chercher dans l’espace public ce qu’ils ne peuvent plus réaliser chez eux, ou alors dans des conditions d’accueil pas toujours favorables : se réunir, se rencontrer, se détendre en toute quiétude, loin des tracas de la vie quotidienne... Les collectivités ont donc tout intérêt à soigner l’aménagement de leurs espaces publics ! C’est ainsi que l’usager de la ville est en quête d’une meilleure qualité de vie, d’une ville active, vivante, dynamique, qui lui propose à proximité de son habitation, de ses lieux de travail et de consommation, des équipements et services qui satisferont ses besoins et lui rendront la vie plus agréable. Le mobilier urbain en fait partie, notamment les salons et les transats pour tous ceux qui cherchent la sérénité urbaine. Bref, s’il y a quelques années, se coucher dans l’herbe ou s’allonger tant bien que mal sur une banquette étaient les seules façons d’apprécier la ville de manière détendue, en mode ‘décontracté’, il est désormais possible de profiter d’un mobilier spécialement conçu à cet effet...
DU MOBILIER DEDIE A LA DETENTE
A ne pas confondre avec les tables de pique-nique, les salons (chaises, bancs et tables) contribuent à créer du lien social en permettant aux citadins de se rencontrer, d’échanger et de se réapproprier l’espace public dans la convivialité. En parallèle, l’essor des sièges individuels qui, à l’origine, sont caractéristiques du mobilier d’intérieur, souligne le besoin d’intimité voulu par les individus afin qu’ils puissent vaquer à leur occupation : téléphoner, consulter les réseaux sociaux sur leur smartphone, envoyer un courriel depuis une tablette...
Quant aux transats, leur accroissement dans l’espace public est à l’image d’une société en quête de sérénité, où la pause définit la ‘pose’ ! A l’ombre d’arbres vénérables ou dans des lieux ensoleillés (ce n’est pas pour rien que les transats sont appelés ‘bains de soleil’ !), ils constituent un mobilier confortable, très prisé en période estivale. Leur installation suffit à rendre un lieu paisible, où le calme et le repos sont les maîtres mots. D’ailleurs, on ne verra jamais des assises avec des dossiers droits le long des plages, mais plutôt des transats pour se reposer et apprécier la vue. Du côté des parcs, des jardins ou de tout autre endroit paisible, la position semi-couchée qu’offrent les transats est également recherchée. Aux dires des citadins, elle est même indispensable dans la ville moderne, verte et accueillante.
MATERIAUX DE PREDILECTION
Excepté la forme des transats, bien souvent ‘ondulée’ pour épouser une silhouette humaine, ou l’ergonomie générale d’une chaise et d’une table, les matériaux qui composent les mobiliers doivent donner l’envie de se reposer, de faire une halte. Le premier coup d’œil est donc très important ! On doit pouvoir facilement distinguer un transat d’une banquette ou un salon d’une table de pique-nique. C’est pourquoi, des matériaux comme le bois, très vite identifié comme naturel, sont préférés afin de rendre les salons et les transats plus chaleureux. Souvent en chêne, en frêne, en bois exotique ou en composite, les structures des transats nécessitent une protection préalable (bain isolant teinté, bain bloqueur de tanins, application de lasure, peinture poudre, thermolaquage...) pour une durabilité comprise entre 10 et 15 ans. En effet, la résistance à l’usure est un élément important, surtout pour les transats, très sollicités en partie basse par les piétinements des usagers. Certains transats ont aussi des formes démesurées, constituant ainsi non seulement des assises pour plusieurs usagers, mais aussi des espaces de jeu pour les enfants, où les dossiers inclinés deviennent des toboggans improvisés !
Des matériaux très résistants comme l’acier forment les structures porteuses ou peuvent constituer l’intégralité du mobilier avec, selon l’imagination des designers, de véritables ‘broderies’ laser et tressages ajourés, à la manière d’un tissu.
DES LIGNES SOBRES, PARFOIS OSEES
Du côté du design, les fabricants empruntent une nouvelle fois les codes de l’espace privé : des lattes parallèles, positionnées horizontalement (parfois verticalement) font office d’assises pour les transats. L’ensemble est sobre, cohérent vis-à-vis du paysage urbain, et l’usage du mobilier est facilement identifié par les citadins : on vient pour s’y reposer, se détendre... Chut ! Et en interceptant quelques conversations, certains disent qu’ils aimeraient le même mobilier à la maison ! Les fabricants de transats ont donc réussi le pari de conquérir le cœur des usagers. Bravo, mais qu’en est-il des salons ? Là, le design est plus recherché, plus moderne. Si certains proposent tout simplement des chaises autour d’une table basse, d’autres osent des formes plus audacieuses : des tabourets tout en rondeur, des bancs version ‘miniature’, des fauteuils agrémentés d’accoudoirs... L’imagination des fabricants est débordante et est parfaitement adaptée aux cahiers des charges les plus divers.
A travers leurs formes, mais aussi leurs matériaux et leurs couleurs, les salons et les transats réinventent la manière de vivre la ville. Un nouvel art de vivre l’espace public est-il en train de naître ? C’est possible. Aux collectivités de proposer des salons et des transats, sorte de mobiliers pour ‘paresseux’ ou, tout simplement, citadins heureux !