Dans les services des sports, l’urgence sanitaire actuelle s’additionne à d’autres impératifs : la maîtrise budgétaire, récurrente et nécessaire, et la préservation des ressources naturelles, notamment l’eau destinée à l’arrosage. Sachant que le gazon mérite d’être irrigué à chaque instant, que les rencontres sportives soient annulées ou non, il est important de connaître quelques règles afin de réaliser des économies d’eau importantes sur l’année.
Connaître les fondamentaux
Contrairement aux terrains d’élite qui reposent sur un revêtement fibré et drainant, la plupart des terrains municipaux sont construits sur un substrat terreux.
En fonction de la nature du sol (texture et structure), les pertes d’eau par évaporation, et donc les quantités à apporter, sont différentes. En effet, lorsque le sol a atteint sa capacité de rétention, l’eau est transférée du sol vers l’atmosphère par évaporation. Même mécanisme de transfert observé par la transpiration du gazon, qui peut d’ailleurs absorber son poids en eau tous les jours ! L’arrosage sera donc fonction de ces pertes. Et une seule donnée climatique permet de les quantifier et donc, d’estimer les besoins. C’est l’EvapoTranspiration Potentielle (ETP)... Dans le meilleur des cas, l’ETP est déterminée à l’aide d’une sonde météorologique locale et exprimée en hauteur d’eau (mm) sur une période de 24 h.
Autre paramètre à connaître : la RFU (Réserve Facilement Utile), déterminée par l’analyse de sol ou des référentiels standards selon la texture du terrain. Le rapport ETP/RFU permet d’estimer la fréquence des apports. Dans tous les cas, la RFU doit être remplie aux deux tiers.
Référez-vous aux coefficients disponibles
Tout d’abord, il y a le coefficient d’uniformité (CU) : il mesure l’efficacité de l’arrosage. Exprimé en pourcentage, il correspond au ratio de la surface des zones sèches sur les zones les plus humides. Le résultat permet ainsi d’évaluer l’uniformité des apports en eau, et donc, l’efficacité de l’arroseur. Plus le CU est élevé, plus l’apport d’eau est homogène ! Le CU est dépendant des caractéristiques de l’arroseur, du couple « buse-pression » et des modalités d’implantation.
Ensuite, le gestionnaire peut également s’appuyer sur le coefficient de sécheresse (SC), communiqué normalement par le fournisseur selon le type d’arroseur et la pression exercée. Corrélé à la quantité d’eau à apporter, il permet d’apporter la dose optimale.
Des règles simples
-arroser la nuit : c’est la règle de base. Encore trop de gestionnaires arrosent un stade le matin, alors que les températures commencent à augmenter. Il est vivement conseillé d’arroser la nuit lorsque l’ETP est la plus faible possible.
-se former : les erreurs de programmation engendrent des consommations excessives pouvant représenter des dépenses de 20 à 50 % supplémentaires. La bonne compréhension de la programmation est primordiale dans le cadre d’une démarche durable ;
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installer un pluviomètre : en effet, pour tous ceux qui ont fait le choix judicieux d’installer des arroseurs automatiques (comme par exemple ceux des sociétés Hunter, Rain Bird ou
Toro), il est vivement conseillé d’opter pour un pluviomètre, même en l’absence d’une gestion centralisée. Les programmateurs peuvent ainsi couper l’arrosage en cas de pluie. En moyenne, 30 % d’eau sont économisés la première année d’installation ;
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vérifier l’installation des arroseurs : ces derniers doivent être bien triangulés (portée = distance d’implantation) et alimentés avec une pression adéquate. Attention aussi à ne pas mélanger les types d’arroseurs entre eux (
arroseurs escamotables, asperseurs...), car les débits sont différents ;
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équiper les programmateurs de sondes calibrées : elles sont capables d’isoler les
électrovannes pour terrains de sports défaillantes en cas de sur-débit et donc, d’une fuite conséquente d’eau. Sachant qu’une voie constituée de plusieurs arroseurs, alimentée par exemple par un débit de 10 m3/h, représente d’importantes quantités d’eau perdues en cas de casse ou dysfonctionnement !
-utiliser la tensiométrie : la méthode consiste à installer des sondes tensiométriques dans le sol, afin de mesurer l’état de liaison de l’eau avec la matrice du sol. Indirectement, elles permettent de caractériser l’état hydrique du substrat et de déduire les besoins en eau ou les risques d’excès d’eau préjudiciables à la structure du sol. Une centrale informatique recueille les données ‘terrains’ des sondes installées ;
-utiliser des eaux recyclées (usées, usées traitées, eau de pluie) : c’est possible, sous réserve d’arrêtés ministériels autorisant l’utilisation des eaux usées traitées en sortie de station d’épuration. Elles ne nécessitent pas d’équipements spécifiques. Les arroseurs usuels supportent très bien les eaux recyclées, ils se distinguent par des indicateurs mauves.
Il n’y a donc pas une mais plusieurs pistes pour réaliser des économies. Maintenant, c'est à vous de jouer...