L’escalier constitue un élément visuel fort dans le jardin et rend un service fonctionnel : il permet de relier différents niveaux et espaces du jardin. Mais il ne faut pas oublier son esthétique, qui participe grandement à la qualité spatiale d’un jardin. Pierres naturelles ou pierres reconstituées, ardoise et traverse ou encore béton et herbe, les mélanges de matières et de formes sont permis, pour des créations uniques. Conseils de Luc Percie du Sert, gérant de Silvasud Environnement, entreprise de paysage basée à Cabrières-d’Avignon, à travers plusieurs réalisations de qualité où l’âme provençale s’exprime avec finesse et caractère.
Maçonnerie conventionnelle et maçonnerie paysagère
Mixer les matériaux au sein d’un seul et même escalier est chose facile. En effet, cela passe, en premier lieu, par la structure même de l’ouvrage : la paillasse (terme technique pour l’assise de l’escalier) est quasiment toujours différente de l’habillage. « Selon les cas, l’assise est réalisée en ballast ou maçonnée en béton en préalable par des entreprises spécialisées (maçonnerie conventionnelle). Nous y ajoutons ensuite une identité paysagère, avec la pose de lauzes naturelles locales extraites lors des terrassements, puis sciées et bouchardées sur site. Un mortier à chaux est appliqué entre la paillasse et les pierres pour assujettir ces dernières » témoigne le gérant.
Pierres naturelles
La roche de type molasse, calcaire et stratifiée, est omniprésente dans les paysages de la région. « C’est pourquoi nous l’utilisons beaucoup dans nos maçonneries paysagères, ce qui créé une ambiance provençale. A défaut de lauzes naturelles extraites en surface, nous nous approvisionnons également dans les carrières locales de pierre de taille ». Le choix de l’entreprise se porte souvent sur des blocs 6 faces, débités selon le calepinage voulu, avec une épaisseur moyenne de 15 cm, ce qui représente la hauteur moyenne d’une marche en extérieur.
Et le paysagiste d’ajouter : « de façon classique, nous constituons des escaliers où une dalle est égale à une marche : la pierre est bouchardée, afin d’effacer les traits de scie à eau issus du débitage en carrière. Dans le cas d’un faible dénivelé, ces gros blocs sont simplement posés sur le sol nivelé compacté, puis stabilisé sous le poids de la pierre ». Selon l’irrégularité des pierres, des interstices de terre à nue peuvent être conservés pour y planter des végétaux couvre-sols adaptés.
Lorsque la pente est plus importante, une paillasse en ballast est d’abord réalisée, puis un lit de mortier (8 cm d’épaisseur) est disposé sous chaque pierre.
Des marches suspendues
Comme en témoigne Luc Percie du Sert, « c’est un peu devenu notre signature : des escaliers en pierre calcaire suspendus. On les retrouve beaucoup au niveau des restanques, dans nos paysages du Midi de la France ». Ce savoir-faire ancestral est particulièrement ingénieux : il limite l’apport de matériaux d’assises (ballast, terre…) et donc le temps passé à réaliser une paillasse, ce qui est argument économique valable pour le client ! Le principe est de choisir de grands blocs (généralement 16 x 35 x 100 et jusqu’à 150 cm) qui, en étant enfoncés de deux tiers de leur longueur dans le mur (en pierres sèches ou maçonnées), participent à la structure même de ce mur. « Pour acheminer les blocs sur le chantier et les soulever, nous utilisons des engins de levage adaptés (élévateur télescopique). Ensuite, la mise en place plus précise se fait manuellement à l’aide une barre à mine ou d’une pince à bloc, au fur et à mesure du montage du mur ». Finalement, l’escalier visible représente seulement un tiers de la pierre intégrée dans le mur. Cette technique peut donc être mise en œuvre au niveau de murs en pierres sèches : le principe est de bien bloquer les pierres dans les 6 directions (sur les 4 côtés, dessous et dessus). Mais aussi sur des murs maçonnés à l’apparence de pierres sèches. Dans ce dernier cas, les pierres sont hourdées au mortier à chaux, puis les joints refoulés à la spatule pour les rendre plus discrets, voire invisibles.
Mêler différentes pierres
Les assemblages possibles à partir de pierres naturelles sont nombreux étant donné la large palette disponible. L’utilisation de celles-ci, dont les formats, tailles, arrêtes sont toujours différentes, permet de proposer des réalisations uniques.
Il convient de préférer des pierres non gélives et non glissantes, pour une question de praticité et de sécurité : granit, calcaire, ardoise, quartzite, gneiss ou grès... On peut également jouer sur les finitions, en optant pour un rendu rugueux au niveau du giron, gage d’adhérence pour le pied (grenaillée, sablée, bouchardée, flammée, égrésée). Pour les contremarches et le nez de marche, une finition polie ou adoucie est plus adaptée. Cette différenciation de texture entre giron et contremarche offre de la finesse à l’ouvrage, dans un jeu subtil de teintes et de textures.