Des tâches de 5 à 25 cm de diamètre auréolées de brun, parfois de gris/blanc sous la rosée, qui se rejoignent de plus en plus (1 à 25 mm/jour !) et qui finissent par envahir le gazon... Pas de doute, la fusariose froide s’est installée. Sur le calendrier, la fusariose froide peut s’étendre de fin septembre à avril avec une période clé entre novembre et mars. D’une zone de jeu à une autre, la dissémination du champignon s’effectue par le matériel d’entretien, la tonte, le piétinement, les éclaboussures ou les eaux de ruissellement…
Mais connaissez-vous suffisamment le champignon responsable pour organiser une stratégie de lutte efficace ?
Facteurs de développement
L’humidité prolongée, couplée à des températures fraîches comprises entre 0 et 15 °C maximum, favorisent la germination des spores. Ces derniers préfèrent aussi les sols mal aérés, avec un pH neutre voire alcalin. Autres facteurs de développement du champignon pathogène :
la présence de feutre, un manque d’éclairement (gazon placé à l’ombre, au Nord), la présence d’un couvert neigeux... tendent à fragiliser le gazon (épiderme plus mince, activité photosynthétique plus faible, production de glucides réduite) ; il devient donc plus sensible aux attaques cryptogamiques.
Une fertilisation déséquilibrée favorise également l’apparition de la fusariose froide, notamment l’excès d’azote ammoniacal à l’automne, surtout si la potasse fait défaut. Dans ce cas, les parois cellulaires les plus minces deviennent sensibles à l’écrasement et à la pénétration du champignon. Celui-ci se retrouve alors en contact avec des exsudats foliaires riches en azote et en hydrates de carbone, sources de nutrition pour le champignon.
Comment lutter ?
Tout un panel de mesures prophylactiques bloquent ou limitent le développement du champignon :
-Utiliser des variétés résistantes : l’utilisation de cultivars plus résistants permet de limiter l’intensité des attaques. Le problème réside dans la présence quasi systématique du pâturin annuel sur les zones de jeu, qui lui, est une espèce très sensible au champignon. D’où l’intérêt, dans un premier temps, de multiplier les micro-regarnissages, qui ont aussi l’avantage d’augmenter le pouvoir grainier de la zone de jeu en semences sportives ‘saines’, prenant ainsi le dessus sur le pâturin annuel ;
-Désinfecter les outils de coupe après chaque intervention, afin de limiter la propagation du champignon ;
-Limiter l’humidité du feuillage, à l’aide d’une réglette ou d’un agent mouillant appliqué toutes les 2 à 4 semaines ;
-Privilégier des formes d’azote à libération lente, et respecter un ratio N/K dans les proportions suivantes : 1/3, voire 1/4 d’octobre à décembre ;
-Apporter régulièrement du fer :il permet de bien assécher le gazon en condition humide, mais également de synthétiser des enzymes, de la chlorophylle et d’améliorer la résistance au froid ;
-Apporter des biostimulants homologués: par exemple, des extraits d’algues, réputés pour neutraliser les effets néfastes des radicaux libres produits en cas de stress (manque de lumière, climat défavorable, piétinement...) ;
-Opérations mécaniques : notamment celles visant à limiter ou à extirper le feutre, apporter de l’oxygène dans le substrat et augmenter sa perméabilité ;
-Pulvériser des fongicides conventionnels homologués. C’est l’ultime recours, quand toutes les préconisations précédentes n’ont pas été suffisantes.
Lorsque le climat est favorable au développement du champignon, ce n’est pas une méthode, mais un ensemble de bonnes pratiques qui permet de lutter efficacement contre la fusariose froide. C’est un travail d’anticipation. Car des zones de jeu renforcées, tant sur le plan mécanique que nutritionnel, sont à coup sûr moins sensibles aux attaques.