L’équivalent d’un an de pluie tombé en 10 à 12 h, voilà qui devrait marquer les esprits. Tout comme les images de ces villages accrochés au bas des versants de vallées englouties par les flots. Arbres, routes, stations-services, maisons, bâtiments publics, terrains de sport, cimetières ou encore casernes de pompiers ont été noyés, voire emportés par des débits colossaux, atteignant parfois 900 m3/s comme à Saint-Martin-Vésubie.
Le changement climatique aggrave les inondations
Selon une étude menée conjointement par les universités d’Oxford et Zürich (2011), le réchauffement climatique a multiplié par deux les risques d’épisode de pluies extrêmes au cours de la deuxième moitié du XXe siècle. Une évolution qui se poursuit et s’accélère, avec une augmentation de la fréquence et de la violence des intempéries, et donc une nécessaire et urgente adaptation des villes face au changement climatique.
Désormais, à chaque tempête et pluies exceptionnelles, les dégâts humains et matériels sont d’une telle ampleur qu’ils doivent nous questionner sur notre urbanisme qui, pendant tant de décennies, a fait fi des contraintes naturelles.
Des conséquences économiques élevées
Selon le rapport « 2001-2015 : 15 ans de catastrophes naturelles en France » de Ubyrisk Consultants, « les conséquences économiques des inondations sont élevées : elles représentent 35 % du total des coûts engendrés par les catastrophes naturelles, soit un peu plus de 9 milliards d’euros ». Cela s’explique par le fait que les inondations couvrent généralement de vastes superficies et qu’elles durent souvent plusieurs semaines, occasionnant un cumul de sinistres. D’ailleurs, les inondations sont le premier risque naturel en France.
Quel urbanisme ?
Il est donc urgent de repenser notre urbanisme pour limiter les conséquences et dégâts provoqués par ces évènements climatiques d’une intensité exceptionnelle. De nombreuses solutions existent, dont :
- arrêter de construire en zone inondable : respecter les zones à risque identifiées par le PPRI (Plan de Prévention du Risque Inondation) car, pendant trop longtemps, de telles constructions ont été autorisées pour voir finalement des maisons, infrastructures et quartiers être inondés. Ou alors, dans des cas exceptionnels, construire des quartiers inondables qui s'adaptent au risque inondation, selon des principes techniques qui permettent l’inondabilité du quartier sans risque pour les habitants et les constructions ;
- redonner leur place aux rivières : dans la logique de la loi Gemapi (Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations), il est essentiel de rendre aux rivières, bien souvent artificialisées, endiguées et rétrécies en milieu urbain, leur espace de divagation et un fonctionnement hydraulique naturel ;
- désimperméabiliser et verdir les villes : après un épisode pluvieux, l’eau retombée au niveau du sol s’infiltre dans les substrats, pour peu qu’ils soient perméables. Les végétaux, par leurs réseaux racinaires, favorisent l’infiltration. Par exemple, en milieu forestier, les feuillus sont d’ailleurs capables de capter entre 5 et 20 % des précipitations annuelles. En milieu urbain, ces valeurs sont atteignables.