Lors de sa visite dans le Sud-Est, le Président de la République a confirmé l’état de catastrophe naturelle pour 55 communes dans les Alpes-Maritimes, auxquelles s’ajoutent 21 communes dans les Côtes-d’Armor. Emmanuel Macron a assuré la détermination du pays à rebâtir et reconstruire les villages et les villes dévastées par la montée des eaux subite et destructrice. Ainsi, la tempête Alex rappelle la nécessité de réfléchir à un urbanisme résilient aux inondations.
Reconstruire oui… mais avec l’eau
La question de la gestion de l’eau est alors primordiale : il ne s’agit plus de se battre contre l’eau, à coup de construction de digues et autres ouvrages censés nous protéger, mais de vivre avec elle. L’urbanisme de la reconstruction doit intégrer le risque inondation en acceptant une montée des eaux contrôlée, dans des parcs par exemple, ou même dans des quartiers tout entiers, conçus pour « absorber » des crues décennales à centennales et vivre avec le risque.
Des quartiers inondables
Les PPRI (Plan de Prévention du Risque Inondation) définissent des zones à risque inondation où l’urbanisation est fortement déconseillée. Le respect de ce zonage est la première mesure à intégrer dans la reconstruction ou les extensions urbaines.
Cependant, la géographie des lieux, le refus de l’étalement urbain ou le manque de réserve foncière contraignent parfois les collectivités à bâtir en partie, voire intégralement sur des zones soumises au risque inondation.
A l’image de la Ville de Romorantin-Lanthenay qui a porté un projet d’urbanisation ambitieux et révolutionnaire, au niveau du quartier Matra, situé en zone inondable sur les bords de la Sauldre. « Après le départ des usines installées sur cette parcelle de 6 ha en plein cœur de ville, il paraissait évident de se servir de cette réserve foncière pour densifier le cœur de ville. Il a alors fallu construire avec l’eau selon une géométrie variable car nous savions avec certitude que l’espace serait inondé » raconte le maire Jeanny Lorgeoux.
Touché, mais pas coulé
Ainsi, la conception a fait du quartier Matra un affluent temporaire de la Sauldre. Le chemin emprunté par l’eau lors de crues a été anticipé et a dessiné l’organisation du quartier, notamment pour que les habitants disposent du temps nécessaire pour évacuer les voitures. Trottoirs, voiries, garages, jardins et planchers d’appartement ont été construits 30 cm au-dessus de la cote des crues centennales. Des passerelles permettent de circuler en hauteur, un jardin central en creux faisant office de bassin de rétention.
En 2016, quelques mois après la livraison, le quartier a montré ses qualités de résilience avec des dégâts minimums : c’est une crue milléniale de la Sauldre qui a " touché, mais pas coulé " le quartier.
Au lieu d’installer une digue pouvant rompre sous la pression d’une telle crue, cet aménagement ralentit la montée des eaux et accepte d’être inondé, limitant alors l’impact de la crue en aval.