Avant l’hiver, l’objectif est de conserver un gazon sain, vert, dense et résistant malgré le contexte saisonnier : manque de lumière, fréquentation soutenue des surfaces engazonnées (notamment sportives), pluviométrie et humidité abondantes, périodes éventuelles de gel/dégel/neige, risque important de maladies, faible capacité du gazon à se régénérer... Surtout que le climat change la donne. Il est beaucoup plus doux qu’il y a 30 ans et raccourcit les périodes d’entrée en dormance du gazon. En effet, sous l’influence de températures plus clémentes, le gazon continue de pousser, et donc d’être tondu, et de se nourrir. En l’absence d’éléments nutritifs en quantité suffisante, et donc de fertilisants, il se fragilisera l’année suivante et deviendra chétif dès janvier-février (perte de densité, de planéité, développement des herbes indésirables, jaunissement...). C’est pourquoi, la fertilisation précoce d’hiver s’impose. Ses bénéfices sont multiples : création d’un chevelu racinaire en profondeur, meilleure résistance, accumulation de réserves pour un démarrage au top dès le printemps, résistance accrue à la sécheresse l’été suivant...
OBJECTIF N°1 : LA FERTILISATION DE FOND
Elle joue un rôle fondamental dans la croissance racinaire. Pour assurer le développement des jeunes racines, un principe demeure : plus l’apport d’engrais est tardif, mieux c’est (à condition que la température de sol soit comprise entre 0 et 10 °C) ! Les études de Koski&Streel le confirment : un dernier passage d’engrais en décembre induit une explosion racinaire dès le mois d’avril suivant, ce qui n’est pas le cas si le dernier apport est réalisé en septembre. Pas de racines non plus sans azote. L’azote devra être apporté en petite quantité, aux alentours de 50 unités/ha ; mais pas au-delà, au risque de provoquer un dépérissement. Les formes à libération lente doivent également être privilégiées.
OBJECTIF N°2 : ACTIVER LA FABRICATION DE RESERVES GLUCIDIQUES
Pour activer la photosynthèse au moment où la luminosité est la plus faible, et ainsi maximiser les réserves glucidiques du gazon jusqu’au printemps suivant, le magnésium, qui est le ‘noyau central’ de la chlorophylle, est indispensable dans la fertilisation. L’azote l’est tout autant, car ce macro-élément participe à la synthèse des acides aminées et des protéines.
Oligo-élément majeur, si ce n’est le plus important : le fer, intervenant notamment dans la synthèse de la chlorophylle. Or, il s’avère inassimilable à l’automne. En effet, lorsque les conditions sont favorables, les racines du gazon produisent des phytosidérophores, qui chélatent le fer du sol pour faciliter son absorption. En revanche, en condition de stress (saison estivale puis automnale), cette production s’arrête et le fer ne devient plus assimilable. D’où la nécessité de réaliser des applications de fer, toutes les 3 à 4 semaines en automne, afin de relancer l’activité photosynthétique.
OBJECTIF N°3 : AMELIORER LA RESISTANCE DU GAZON
Pour résister aux maladies (fusariose froide, helminthosporiose, pourriture des neiges), au climat et aux piétinements dus au jeu, la potasse, les biostimulants et l'apport d'oligo-éléments dans la fertilisation des gazons renforcent la barrière physique de la feuille, en la rendant plus épaisse, plus drue. Surtout, ne pas se priver de potassium à l’automne, car un excès n'a aucune influence sur le développement des maladies, alors qu’un déficit rend le gazon plus sensible à certains pathogènes. En règle générale, il faut apporter 2 à 4 fois plus de potasse que d’azote. Appliqués toutes les 3 semaines en hiver, les oligo-éléments et les biostimulants, notamment les algues marines, améliorent également la capacité de régénération du gazon.
PROGRAMME POUR TERRAINS DE SPORTS
A l’automne, Stéphane Grolleau présente un plan d’actions particulièrement complet et efficace. Tout commence fin octobre/début novembre, avec l’application, dans un premier temps, de Ferro Top, riche en fer et dosé à 20 g/m², afin d’activer la photosynthèse et la mise en réserve. A cette période, un apport de biostimulant, type Vitanica® P3 Extra (20 L/ha), et d’un agent mouillant (0,5 L/ha), sont à planifier tous les mois jusqu’à la fin de l’année.
Mi-novembre, et ce jusqu’à mi-décembre selon les régions, la fertilisation de fond (10-5-20+4 dans l’idéal) doit être réalisée avec un engrais à libération lente, type Floranid® Twin Club dosé à 40 g/m². Pour renforcer la résistance au jeu, rien de tel également qu’un engrais riche en potasse, par exemple Kali Gazon à 20 g/m² appliqué une fois mi-novembre.
En suivant ce programme, vous pouvez être sûrs que votre stade engazonné sera bien vert, résistant et doté d’un système racinaire profond.