Chaque année, à un moment ou à un autre, le déficit hydrique des sols superficiels est constaté. A cela s’ajoutent des températures extrêmes qui renforcent l’intensité des épisodes de sécheresse. Si l’homme et la faune peuvent modifier leur répartition spatiale pour se diriger vers des îlots de fraîcheur (parcs, jardins, forêts urbaines…), les végétaux en place sont incapables de migrer d’un point à un autre. Ils souffrent donc en silence (fermeture des stomates, limitation de la transpiration foliaire…). Conséquences : les feuilles se ramollissent, la floraison est perturbée et les végétaux perdent tout intérêt, aussi bien esthétique qu’écologique, alors même qu’ils constituent de précieux alliés pour lutter contre les pics de chaleur par l’intermédiaire de leur pouvoir rafraîchissant. D’où l’intérêt d’arroser, mais intelligemment, c’est-à-dire prévenir les besoins en eau avant d’avoir recours à l’arrosage, pratiquer un arrosage de précision et favoriser des sources alternatives à l’eau potable pour l’arrosage des végétaux.
Forcer ou stopper l’arrosage ?
C’est les premiers réflexes, mais les pires ! Encore trop de gestionnaires d’espaces verts décident de couper l’arrosage en période de canicule par souci économique, surtout s’ils utilisent l’eau du réseau. C’est notamment le cas des couverts engazonnés. Or, c’est à ce moment précis que l’ETP (EvapoTranspiration Potentielle) journalière est maximale et que le végétal mérite d’être arrosé. C’est comme si nous, en tant qu’êtres humains, buvions moins en été ! Ça n’a pas de sens ! Par ailleurs, les gestionnaires pensent que le gazon, même brûlé, pourra repartir en automne ou au printemps prochain. Bien souvent, ce n’est pas le cas et un entretien supplémentaire s’impose (regarnissage, fertilisation…). A l’inverse, d’autres préfèrent forcer l’arrosage, doublant, voire triplant les doses nécessaires. Certes, l’ETP, et donc les besoins réels de la plante augmentent, c’est évident, mais allez au-delà, c’est risquer de rendre le sol hydromorphe. Il faut toujours veiller à ce que la RFU soit remplie à moitié. L’idéal étant au 2/3. Fort heureusement, les technologies actuelles viennent au secours de l’exploitant : les sondes d’humidité permettent de connaître la teneur réelle en eau dans le sol.
Fractionner, encore et encore
Exemple : une station météorologique, reliée ou non à un programmateur, indique que l’ETP cumulée sera de 7 mm pendant 5 jours. Est-il plus judicieux d’apporter 35 mm d’eau en une seule fois, ou fractionner les apports ? Bien évidemment, il est préférable d’opter pour la deuxième solution. Les comportements à adopter dépendent fortement des végétaux et des capacités du sol. Un sol disposant de peu de capacité de rétention n’apportera rien à être inondé avant la sécheresse. Pire, les quantités d’eau apportées massivement seront lessivées. Il faut donc apporter de petites quantités, en fractionnant les apports toutes les 3, 6 ou 12 h ! Mais attention, tous les végétaux ne sont pas concernés. Lorsque la profondeur d’enracinement dépasse les 60 cm, il est préférable de ne pas fractionner les apports. Pour un arbuste ou un arbre en place, le fait d’apporter de grandes quantités d’eau en une seule fois va permettre de remplir les réseaux micro-poreux en profondeur par capillarité. A l’inverse, pour un gazon ou un massif de taille modeste, autant fractionner les apports, 6 à 7 fois/jour. Cependant, pour des massifs extensifs ou de grandes surfaces engazonnées, la mise en route du réseau étant plus lente et certaines stations de pompage sous-calibrées, autant réduire les apports.
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