Pratique courante en agriculture, le semis d’engrais verts est, à la base, utilisé pour améliorer la fertilité et les qualités physiques d’un sol, avec comme objectif un rendement de culture plus élevé. En paysage, cette solution est davantage destinée à la gestion de terres en attente (chantier en cours ou retardé, friche, surfaces en transition…). Son utilisation par les gestionnaires n’est pas encore très répandue, alors même qu’elle présente de nombreux avantages pour les sols : amélioration agronomique (fertilité, taux de matières organiques), structurelle et biologique (vie microbienne). De plus, les engrais verts limitent le développement des adventices et des plantes invasives, tout en fournissant le gîte et le couvert à l’entomofaune et des fleurs aux habitants !
PROTEGER LES TERRES EN ATTENTE
L’intérêt premier des engrais verts pour une collectivité est la gestion des terres en attente grâce à leur végétalisation. Pour Hélène Wibaux de Top Green, l’usage de cette solution doit se généraliser : « l’intérêt est de ne pas laisser le sol nu afin d’éviter sa dégradation. Car un sol nu est un sol qui se détériore ». Ainsi, la couverture du sol évite plusieurs désagréments : limitation de l’érosion et de la battance, amélioration de la flore, de la micro- et macro-faune et de la biodiversité, limitation du salissement par les espèces indésirables ou envahissantes… Un atout à considérer donc, notamment lorsqu’un chantier est stoppé ou que la période de semis d’un gazon ou de plantation d’arbres n’est plus propice.
QUELLES QUALITES ?
Un engrais vert doit présenter plusieurs caractéristiques pour un couvert végétal temporaire efficace :
- associer plusieurs familles d’espèces végétales. Car comme le détaille Marc Uhlrich de Nungesser Semences (67), « chaque famille apporte une spécificité. Les légumineuses fixent l’azote de l’air pour enrichir le sol, les crucifères décompactent le sol et améliorent la structure grâce à leurs racines pivotantes et les graminées couvrent rapidement la surface pour empêcher le développement des adventices ». De plus, c’est la diversité des systèmes racinaires qui crée un enracinement dense et profond et une structure aérée et poreuse ;
- être composé de multiples espèces propices à la biodiversité (entre 5 et 15 espèces différentes). Cette diversité offre un « abri et une source de nourriture pour la faune » décrit Hélène Wibaux.
- se développer rapidement et se supprimer facilement, en étant composé d’annuelles à croissance rapide, car l’usage étant généralement limité à une saison, l’engrais vert doit vite occuper le sol puis se décomposer après la fauche.
- être esthétique : cette végétalisation temporaire permet de masquer des terres nues souvent disgracieuses, tout en apportant de la couleur et de la diversité.
DES MELANGES POUR DES PERIODES VARIEES
Selon la période de semis, des bisannuelles (semis d’automne) ou des annuelles (semis de printemps) composent l’engrais vert. La durée de couverture peut, elle, varier de 2 mois à 2 ans. Sélections des fournisseurs :
- Euronature Temporaire, proposé par Top Green, pour une couverture de 2 à 6 mois : « ce mélange fleuri d’annuelles, spécialement adapté à la végétalisation des terres en attente, améliore les qualités du sol en étant composé d’espèces choisies pour leur enracinement dense et profond » note Hélène Wibaux ;
- chez Nungesser Semences, les mélanges sauvages proposés, souvent composés sur mesure, contiennent en général « 50 % de graminées, 30 % de légumineuses, 15 % de crucifères et 5 % d’espèces mellifères (phacélie, bourrache, bleuet…) » détaille Marc Uhlrich.
- Phytosem conçoit des mélanges à la carte à partir d’espèces sauvages, dont certaines sont labellisées Vraies Messicoles et/ou Végétal local, qui répondent aux contraintes des gestionnaires.
Finalement, au vu de tous les bénéfices qu’ils procurent, les engrais verts sont à prescrire par les collectivités aux entreprises de travaux ou à mettre en œuvre sur leurs surfaces en attente de végétalisation.