Depuis 5 ans, la progression de la processionnaire du pin (Thaumetopoea processionea) s’intensifie en France par la levée des verrous climatiques lui permettant de s’étendre. Désormais, 80 % du territoire sont conquis par ce papillon nocturne dont la chenille pose de sérieuses nuisances :
- pour les végétaux, avec une perte des aiguilles entraînant l’affaiblissement des arbres contaminés, alors sensibles à d’autres maladies et ravageurs, et une baisse de la qualité esthétique des sites touchés ;
- pour la santé publique, avec de graves nuisances sanitaires pour les hommes et les animaux.
L’échenillage
De novembre à décembre, a lieu la formation des nids de processionnaires du pin. On observe à cette période, et jusqu’à mars, de gros nids soyeux très reconnaissables. Il faut être vigilant car le nid est très urticant, en étant constitué des mues, poils et excréments des chenilles.
L’échenillage, qui est adapté pour des enlèvements ponctuels de nid, est alors délicat et peut être dangereux : il s’agit donc d’être particulièrement vigilant lors de l’intervention et de porter des équipements de protections individuelles (EPI) adéquats. Ces interventions se font ainsi à l’échenilloir, de novembre à mars.
Des descentes précoces liées au changement climatique
Bien que la processionnaire du pin ne soit pas soumise à la lutte obligatoire, de nombreux arrêtés préfectoraux et autres plans d’action locaux existent, afin d’enrayer son développement sur le territoire. La vigilance est de mise car, avec de plus grandes variabilités interannuelles liées au changement climatique, il est difficile de prévoir quand les chenilles descendront du nid pour aller se nymphoser et se transformer en chrysalides dans le sol, où elles resteront 2 à 3 mois, avant d’éclore sous forme de papillon.
Ayant lieu habituellement vers février-mars, il est de plus en plus courant, avec des arrière-saisons particulièrement douces, que les processions débutent mi-décembre, voire même en octobre au niveau des îles de la façade atlantique. Les besoins climatiques de la processionnaire entraînent, en effet, une différence de développement entre les régions au climat méditerranéen ou océanique, avec donc des périodes d’intervention et de vigilance différenciées.
Pour ne pas rater les descentes de processionnaire du pin, il est donc conseillé d’installer dès à présent les dispositifs appelés « colliers », afin de rendre la lutte efficace.
Des colliers comme moyen de lutte mécanique
Outre la lutte mécanique à l’aide d’un échenilloir de novembre à mars, qui est adaptée pour des opérations ponctuelles, des systèmes de « pièges » sont particulièrement efficaces. Ils agissent uniquement de façon mécanique lors de la descente des chenilles. Voici plusieurs solutions à mettre en œuvre :
- le PROCESSatrap collier de Koppert, à installer dès novembre pour prévenir les descentes précoces et à retirer courant avril en fonction des régions. Doté d’un collecteur rigide de couleur bois, il ne risque ni d’être abimé par des oiseaux, ni dégradé par des personnes mal intentionnées. Il offre une grande capacité de capture des chenilles à la descente (5,2 L) et permet la mise en place d’une information pédagogique. De plus, l’ajout de terre ou de sable dans le collecteur n’est pas nécessaire ;
- l’Ecopiège® développé par La Mésange Verte, pour une lutte raisonnée sans produits. Validé avec l’INRA, son efficacité est de 97 % si l’installation est bien réalisée. Ce piège est composé d’un collier (différents diamètres), d’un tube de descente et d’un sac collecteur remplit de terre. Ce dernier est un leurre qui fait croire à la chenille qu’elle a atteint le sol : au lieu de descendre et de s’enterrer dans le sol, les chenilles viennent s’y enfouir pour réaliser leur nymphose en chrysalide. Installé à 2 m-2,50 m de hauteur et ainsi hors de portée des animaux et des enfants, il suffit de récupérer le sac 1 mois après la descente des chenilles pour l’incinérer ;
- le collier Procerex de Biobest, spécifique à la processionnaire du pin, toujours à action mécanique, équipé d’un collier réglable, tube de descente et sac collecteur-destructeur. Rapide et simple de mise en place, il offre une grande capacité de piégeage.
Combiner les moyens de lutte
Ainsi, il est nécessaire de mettre en place une lutte mécanique dès à présent, en complément des autres moyens de lutte à mettre en œuvre tout au long de l’année : installation de pièges à phéromones pour contrôler la propagation, pulvérisation de micro-organismes (insecticides de biocontrôle), ou encore lutte biologique par macro-organismes.
Une autre piste intéressante de lutte est la vigilance sur les pré-nids : celle-ci permet d’intervenir plus facilement, sans outil particulier, au moment où la chenille n’est pas encore urticante (pré-nids de couleur marron, installés sur la pointe des branches).