L’arbre urbain profite en ce moment d’une « bonne publicité » dont il aurait tort de se priver : suite aux épisodes caniculaires de cet été et aux scénarios climatiques alarmants donnant, à moyen terme, un réchauffement de quelques degrés amenant à des conséquences dramatiques, voire irréversibles pour notre écosystème mondial, planter des arbres est devenu une des solutions largement plébiscitée par de nombreux organismes, collectivités et professionnels du paysage.
Assurer la reprise des arbres en ville
Comme le rappelle Reforest’Action, entreprise à vocation sociale spécialiste de la reforestation en France et dans le monde, « les arbres sont de vrais climatiseurs naturels. Idéalement enracinés dans les artères des aires urbaines, ils peuvent localement réduire l'air de 2 à 8°C, selon la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) ». Certaines villes plantent donc des arbres, parfois en masse, pour climatiser la ville. Mais il est assez courant de voir des sujets mal en point, dégarnis, bancals ou couchés dès les premiers coups de vent. Pour assurer un bon taux de reprise, et investir avec succès dans les plantations urbaines, la bonne fertilisation des sols est une des conditions nécessaires. Elle favorise en effet un bon enracinement de l’arbre, gage d’un bon ancrage et d’une plantation durable !
Fertiliser à la plantation pour un bon ancrage
La transplantation d’un arbre est une opération délicate, inhabituelle pour un arbre et qui constitue un ‘traumatisme’ : celui-ci passe d’un sol adapté et fertile, en plein champ dans les pépinières, à un milieu artificialisé, où le sol en place est souvent de piètre qualité agronomique. La fertilisation est alors nécessaire à la reprise après transplantation : elle renforce et favorise le développement du système racinaire pour que l’arbre s’ancre bien dans le sol ou dans son support de culture. Dans un milieu urbain dense comme la ville, ce bon ancrage est nécessaire pour éviter tout risque de chute d’un arbre sur des passants. Au-delà de l’aspect sécuritaire, l’effet venturi créé par des configurations urbaines en couloirs étroits entraîne des pressions supplémentaires contre lesquelles l’arbre doit résister. La fertilisation est alors gage d’une bonne tenue de l’arbre bien qu’elle ne soit, bien entendu, pas le seul critère de réussite (bon dimensionnement de la fosse de plantation, choix d’espèce en adéquation avec le volume aérien et souterrain disponibles, arrosage qui favorise le développement des racines vers l’extérieur de la motte).
Les normes
La fertilisation s’effectue par apport d’engrais organiques (NF U42-001/A2), d’engrais organo-minéraux (NF U42-001 ou NF U42-002-1) ou encore d’amendements organiques (norme NF U44-051), qui peuvent être d’ailleurs être des biostimulants. Elle permet également de reconstituer une terre plus fertile, à la structure et à la texture stable, à partir d’un sol en place, après analyse de sol pour des apports adaptés à l’état de santé pédologique de la terre en place.
Les besoins à la plantation
A la plantation, l’arbre urbain a besoin d’engrais riches en phosphore et en potasse, qui renforcent les racines sans les brûler, soit typiquement une fumure de fond. L’engrais ou l’amendement est mélangé au support de culture dans la fosse de plantation, la dose dépendant de plusieurs paramètres que sont le type d’engrais, la taille et l’âge du sujet, l’espèce transplantée, l’époque de l’année… Il existe, entres autres, des amendements organiques à base d’intrants 100 % végétaux variés : pulpes de raisin, tourteau de karité, extraits de vinasse et coques de cacao, coques de cacao, compost végétal... La quantité à apporter à la plantation dépend de l’analyse de sol. Un élément intéressant est que l’utilisation d’amendement organique favorise l’économie circulaire, avec l’utilisation de matières compostées et recyclées d’origine contrôlée, répondant ainsi aux objectifs de respect de l’environnement.
Fertiliser durant les 2 années suivantes
Une fois l’arbre bien implanté, les professionnels n’ont plus besoin de fertiliser, excepté en cas de blessure, maladie ou autre choc. Mais, durant les deux années suivant la plantation, il est conseillé de fertiliser une fois par an le support de culture afin d’assurer sa bonne implantation en pleine terre. La fertilisation s’effectue alors par un apport liquide ou de granulés. Par contre, pour les plantations en bac, la fertilisation est conseillée durant toute la vie de l’arbre et, cela, une à deux fois par an en granulés et/ou en ferti-irrigation pendant la croissance végétative (du printemps à l’automne).
Amendements enrichis de biostimulants
Pour optimiser la reprise des arbres, certains amendements sont enrichis de biostimulants et sont parfois inoculés de levures et de bactéries, se présentant sous forme de granulés à mélanger au substrat ou à épandre en surface. Les bactéries colonisent les racines, stimulent la production de radicelles et solubilisent en même temps le phosphore qui est alors bio-disponible pour l’arbre, lui permettant de bien s’ancrer dans les sols urbains. Les levures vont, quant à elles, stimuler la vie du sol et améliorer ainsi le processus de minéralisation et d’humification de la matière organique, souvent mal dégradée en ville, et alors disponible pour l’arbre. Ainsi, de multiples moyens destinés aux professionnels existent pour offrir aux arbres des conditions optimales de croissance en milieu urbain. Si vous voulez planter, surtout n’oubliez pas de le faire bien !